mercredi 17 mai 2006

Siddhârta et Milarepa

Alors que Siddhârta s’apprêtait à traverser une forêt, ses disciples le mirent en garde contre le danger qui le guettait : le cruel Milarepa, assassin de neuf cent quatre-vingt-dix-neuf hommes, s’y cachait quelque part, attendant sa millième victime. Siddhârta continua son chemin d’un pas régulier. Parvenu au centre des bois, il était seul, chacun ayant avancé jusqu’à la limite de sa confiance en lui. Installé sur une branche, Milarepa vit Siddhârta s’approcher. Quelque chose dans la démarche et l’allure de cet homme l’intriguait. « Halte ! Étranger ! Je suis Milarepa, le meurtrier qui attend sa millième victime pour accomplir une ancienne promesse. Ma mère passerait ici que je la tuerais sur le champ. Retourne d’où tu viens, sinon gare à toi ! » Siddhârta releva la tête et dit : « Noble Milarepa, c’est toi qui bouges. Moi, il y a longtemps que j’ai cessé de m’agiter. » Les paroles touchèrent Milarepa, mais il ne pouvait s’empêcher de vouloir terminer son plan meurtrier. « Si tu passes ici, aussi sage sois-tu, je te couperai la tête comme aux autres. » Siddhârta continua à avancer. Quand il fut tout près, Milarepa descendit et se posta devant lui. Avant qu’il n’ait eu le temps de lever son arme, le sage parla : « Peux-tu couper cette branche ? » Milarepa éclata d’un grand rire et frappa la branche qui se trancha net et tomba sur le sol. « Maintenant, peux-tu la remettre en place ? » demanda aussitôt Siddhârta. Milarepa fronça les sourcils et dit : « Tu dois être fou. Personne ne peut remettre cette branche à sa place. » Siddharta regarda alors Milarepa avec une infinie compassion et dit : « Comment pourras-tu alors remettre en place tout ce que tu as pris ? » La légende raconte que, sur ces paroles, Milarepa atteint l’illumination. Il devint par la suite un grand sage que tous voulaient entendre.

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