mercredi 7 juin 2006

Ennemis du tabac

Vous êtes de ceux qui croient que notre belle société évolue en levant le nez sur le tabac ? Sachez que d'autres puritains, bien avant vous, on flairez l'ennemi là où vous croyez le vôtre. Le duc de Moscovie, Michel Frederowits, interdit l'usage du tabac dans tous ses états sous peine d'abord de recevoir la bastonnade, ensuite d'avoir le nez coupé et enfin de perdre la vie. L'empereur des Turcs, Amurat IV, avait sa façon bien à lui de punir les fumeurs. Sa hantise du tabac le faisait se promener la nuit pour découvrir ceux qui fumaient en cachette. Lorsqu'il en trouvait un, il le faisait pendre, non sans avoir au préalable prit le soin de lui faire transpercer le nez avec le tuyau de sa pipe, l'exécuteur de la sentance se chargeant d'ouvrir le passage avec son poignard. Les rois de Perse Scach‑Sophi et Scach‑Abas faisaient couper le nez, la langue et les oreilles des fumeurs avant de leur ôter la vie. L'Église s'en mêla également. En 1604, le pape Urbain VIII publiait une bulle pontificale qui excommuniait tous ceux qui usaient du tabac dans les églises. Un Anglais du nom de Peter Columbell, qui vivait au début du dix‑septième siècle, ne se contenta pas de refuser chez lui tout accès au tabac. Il inclua dans son testament une clause qui déshéritait son fils ou ses héritiers si ceux‑ci fumaient ou prisaient. S'ils étaient pris, ils devaient restituer leur héritage. Vers 1841, dans le Valais, en Suisse, il n'est pas permis de fumer sous peine de prison. En cas de récidive, le contrevenant est exclu du canton. En Transylvanie, le gouvernement arrachait la fortune des particuliers en s'emparant des terres sur lesquelles on trouvait du tabac. Ceux qui étaient surpris à fumer devaient payer l'amende qui pouvait être de seulement de trois francs ou atteindre jusqu'à six cents francs. Tirée de : Grenet, A. Influence du tabac sur l'Homme, Paris, 1841. 283 p.

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