mardi 22 novembre 2005

Des artistes

Ils ne tolèrent les artistes que s’ils sont amuseurs publics. Écrire est pour ceux-là un passe-temps; c’est pour moi un moyen de survie. Ceux-là jouent aux artistes comme ces autres aux hommes d’affaires. Qui n’accepte pas d’être commercialisé ou rentabilisé est voué inévitablement à la honte, au rejet, à la folie ou à la sérénité. Faire de l’art une science à tout prix. Certains s’y complaisent parce qu’ils sont des scientifiques qui rêvent d’être des artistes. Les universités et les coteries littéraires sont pleines de ces artistes ratés qui cherchent à dicter la formule gagnante du bel art. Survivre par ses oeuvres. Quelle absurdité ! Quand bien même ce que j’ai écrit serait lu dans le monde entier, que cela me rapportera-t-il après ma mort ? Marc-Aurèle avait vu juste. On le lit encore — si peu, mais le nom sur la couverture pourrait bien être Néron et tout le monde s’en moquerait éperdument. Pourquoi une telle volonté chez la plupart des artistes d’être admiré par des boutiquiers ignares, des banquiers hypocrites et quelques sots ?

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