mercredi 10 janvier 2007

Richesses

Ma cousine M.*** me disait, une angoisse dans la voix : « Vas-tu vieillir sans n’avoir jamais rien à toi ? ».
C’était sa façon de me dire combien, dans sa vie, il importait d’accumuler des biens en vieillissant, pour s’assurer une décrépitude tranquille et une mort paisible; du même coup, dans le silence derrière la parole apprise, elle me parlait de ses efforts quotidiens pour gagner sa vie, des aubes où tout son corps refusait de se lever, des couchers de soleil aperçus à travers la vitre de son bureau, des faux sourires aux clients détestables, des fins de semaine passées trop vites, des vacances avalées tout rond, des heures longues et sombres des fins de journée...
J’étais triste pour elle. La réponse m’est venue instantanément. Mes biens, c’est dans ma tête que je les engrange, et la seule richesse que je juge digne de ce nom est celle de l’intérieure, qui m’est imprenable et souveraine. Et, si ni elle ni moi ne pourrons bénéficier post-mortem des gains que nous auront acquis en ce monde, il y a fort à parier que les miens me seront bien plus utiles au moment de m’étendre définitivement.
Mais, par respect, je n'en ai pas soufflé mot à ma cousine; c'est, il me semble, déjà bien assez difficile pour elle.

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