lundi 2 avril 2007

Passage de lumière en ce jour gris

« Je ne sais plus ce que c’est que l’ascétisme, que l’œuvre de sanctification quotidienne, que la poursuite acharnée d’un but quelconque. Je me laisse vivre, sentir, étudier, penser, et je regarde dans mon âme, comme dans une boîte à phénomènes, sans rien déranger par l’intervention brutale et pédantesque de mon vouloir. Le découragement a fait mon détachement, le détachement s’est rabattu sur la contemplation. Je puis encore travailler au bonheur et au perfectionnement d’autrui; pour moi, il me semble que je tourne sur moi-même, sans désir, sans progrès, sans objet. Je ne deviens plus, je suis. Je ne demande qu’à être pensant et aimant et qu’à ne pas souffrir. — Je me suis pour ainsi dire supprimé du nombre des causes efficientes et finales, retranché de la société humaine, rayé de la liste des existences individuelles qui ne comptent que par leurs besoins, leurs efforts, leurs effets, leur action sur les choses ou sur les êtres, en un seul mot par leur volonté. » Henri-Frédéric Amiel, Journal

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