vendredi 14 décembre 2007

Sur l'école I

S’il y a une idée qui m’est insupportable, c’est bien celle, communément admise aujourd’hui, qui fait de l’école — nez à nez avec la famille — le lieu par excellence de tous les bienfaits de la civilisation, de la socialisation à la culture, en passant par l’éducation et la gestion des individus qui forment la société.

Les concepts de discipline, de pédagogie, de scolarité universelle et de système essentiel, défendus corps et âme par les tenants de la société comme structure fonctionnelle dans laquelle les individus doivent trouver leur place comme engrenage pour son bon fonctionnement, individus qui sont la plupart du temps soit des chancres dépendant de l’école, soit des êtres parfaitement adaptés, c’est-à-dire, pour reprendre les mots de David Cooper, des gens à qui on a coupé la tête sans qu’ils ne s’en rendent compte, ne dissimulent en fait qu’une politique asservissante favorisant uniquement à perpétuer un système d’économie de marché dont sont seuls bénéficiaires ceux que l’on sait.

Plus de cinquante ans après le fameux « Ne travaillez jamais » de Saint-Germain-des-Prés, le système lucratif de la pensée laborieuse s'est confortablement installé dans toutes les sphères de la vie, en particulier dans celle qui a pour rôle l'éducation de la jeunesse. Sur tous les murs des écoles contemporaines, de la petite école à l'université, on devrait aujourd'hui inscrire le slogan suivant : « Étudiez pour travailler ». Ce serait faire preuve d'honnêteté et, dans la réalité, ne reviendrait qu'à formuler un pléonasme par rapport à ce programme partout présent qui consiste à faire de tous ces potentiels pensants de bons consommateurs, c'est-à-dire de bons travailleurs.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire