mercredi 6 février 2008

Vaccins Tabous (suite)

Il y a deux jours, j'ai mis en question l'opinion d'une lectrice du Soleil sur la vaccination. Elle me répond (gentiment) et s'explique dans un commentaire (cf. 4 février). Madame Hélène Lord m'écrit : "J’ai pu sembler « malhabile » et rendre la lecture « fastidieuse », mais Le Soleil nous demande de nous en tenir à environ 200 mots… ce qui n’est pas beaucoup lorsqu’il s’agit d’un sujet controversé." Cela ne surprend guère : c'est le principe médiatique fondamental : facilité, sensationnalisme et incomplétude. Si les médias ne se permettent jamais d'aller au fond des choses et restent souvent intéressés, alors qu'ils prétendent être objectifs et informer, comment pourraient-ils permettre à une lectrice d'approfondir, par son opinion, quelque sujet que ce soit ? Je sais, je sais, il y a des contraintes éditoriales, publicitaires et économiques. Et blablabla... C'est l'argument général pour justifier l'inexactitude, voire l'incompétence. On s'habitue. Mais je vous comprends. "...la vaccination comporte des « risques ». En fait, je ne connais aucune procédure médicale qui n’en ait pas… et vous?" Vous reconnaîtrez avec moi que ce que vous considérez comme un corollaire de la médecine (et de la vaccination) contredit le serment des disciples d'Hyppocrate : Primum non nocere (Avant tout ne pas nuire). Et que dire quand les "risques" du remède sont plus grands que le mal même que l'on cherche à soigner ? "Lorsque je dis que les non-vaccinés nous font courir certains risques, il s’agit évidemment de ceux qui voyagent sans se faire vacciner au préalable et qui nous ramènent des maladies contractées à l’étranger contre lesquelles la plupart de nous ne sommes pas vaccinés ici (p. ex. typhoïde, hépatites, la fièvre jaune etc.)." Est-ce si fréquent ? Mettons un instant de côté la peur viscérale endoctrinée et dites-moi honnêtement si vous connaissez quelqu'un qui ait attrapé la fièvre jaune en entrant en contact avec un voyageur récemment revenu au pays ? Quand pourrons-nous cesser de toujours miser sur les probabilités (société de statistiques = société de prévisions = société de peur) ? Cela dit, votre texte est très nébuleux à ce sujet et il s'en faut de peu pour que la plupart des lecteurs voient dans cet argument un des échafaudages majeurs des tenants de la vaccination massive et obligatoire (je prends le risque --- pour gérer ma peur --- tout le monde doit le prendre). "Sans compter tous les frais médicaux défrayés par les individus ou le système..." Je suis désolé pour votre soeur et votre cousine, mais là je ne vous suis pas dans cette argumentation mercantile et politique. Cette mode de justifier toutes les contraintes par les coûts étatiques est dangereuse, voire vicieuse. Que le fait que je vive (ou meure ou sois malade) puisse coûter quelque chose à l'État ne doit surtout pas donner à la société contribuable le droit de s'ériger en dictateur absolu des limites des risque qu'un individu libre peut assumer (c'est malheureusement de plus en plus le cas). "...je suis allée voir le site « sérieux » suggéré sur votre blogue : Vaccine Website. Je regrette de vous décevoir mais j’ai trouvé que cela ressemblait beaucoup plus à de la propagande qu’à de l’information puisqu’il n’est question que du danger des vaccinations (donc histoires d’horreur à répétition), le tout enjolivé de caricatures à main levée… bref, aucune impartialité ni rigueur scientifique." Mais, Madame, naviguez-y de nouveau ! Ce site comporte de nombreux liens vers des articles scientifiques écrits par des gens qui sont on ne peut plus qualifiés pour porter un jugement aussi valable que leurs confrères qui vantent les mérites des vaccins (Cf. Dr Boyd Haley Ph.D. et professeur au département de Chimie de l'Université du Kentucky, Robert S. Mendelshon, M.D., Glen Dettman A.M.M., BA, Ph.D., F.A.P.M., Dr. J. Anthony Morris, former Chief Vaccine Control Officer and research virologist, US FDA. Et il y en a d'autres). Je reconnais que la présentation se veut choquante, mais je crois qu'il ne s'agit là que d'une utilisation des armes des opposants pour qui la peur est devenue un outil de commerce infaillible. Quant à l'impartialité, je me demande bien comment l'on peut parler d'impartialité dans un domaine qui, on le sait, rapporte des milliards de dollars annuellement. L'industrie pharmaceutique n'est pas impartiale et les médecins, souvent mal informés eux-mêmes, ne le sont pas tous également. Cui Bono ? Qui en profite ? "Vous mentionnez aussi qu’on retrouve un grand nombre d’autistes chez les enfants d’immigrants..." Non, relisez, ce n'est pas moi qui mentionne cela, mais le docteur Edward Yazbak, cité dans un article que je cite à mon tour. "Il ne faut jurer de rien mais à mon avis, il s’agit plutôt du fait que dans plusieurs ethnies les mariages sont organisés et souvent consanguins." Ne jurez pas là-dessus ! C'est une chanson vieille et dangereuse. Et assez fragile, il me semble. "En dernier lieu, de penser que le Centre de contrôle et de prévention des maladies aurait organisé un « vaste cover-up » avec les industries pharmaceutiques me laisse sceptique. Comme je ne fais pas partie de ceux qui croient que les Américains n’ont jamais marché sur la lune ou qui ne croient pas qu’un avion s’est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre 2001 (deux autres supposés cover-up), je ne donne que peu de poids à cet argument…" Croire est une grâce, mais rien dans la croyance n'est scientifique ou vérifiable, sinon ce ne serait plus une croyance. Vous pouvez bien croire en ce que vous croyez, mais cela ne veut pas dire que vous vous approchez pour autant de la vérité. Évidemment, la vérité est sans doute impossible à trouver, mais je crois qu'il n'existe qu'une façon de s'en approcher, et c'est de questionner sans cesse, de chercher, de s'informer (ailleurs que dans les médias de masse), et, surtout, d'importuner sans répit ceux qui voudraient bien que l'on croit sans questionner. "Aucune culpabilité puisque ce n’est pas nous qui l’avons transmis à notre enfant." Il n'y a aucune chance pour que ce soit vous qui ayez transmis l'autisme à votre enfant. Parce que vous seriez porteuse d'un gène vous seriez responsable de cette transmission ? Assurément non. Nous transmettons ce que nous sommes et sur quoi nous n'avons aucun pouvoir. Et si c'était un vaccin, c'est qu'on vous aura induite en erreur, criminellement ou non. Soyez en paix. Je compatis sincèrement à votre situation parentale. Mon fils a été très malade étant jeune et nous sommes passés très près de le perdre. Je suis bien placé pour savoir que la maladie chez nos enfants est une douleur difficile à supporter et une énigme pour l'entendement. Malgré notre divergence de point de vue (qui n'est peut-être pas si différent au fond) sachez que je demeure inconditionnellement admiratif devant le courage nécessaire pour vivre.

3 commentaires:

  1. C’est sûr qu’en médecine « avant tout ne pas nuire » est primordial… Cependant, n’est-il pas tout aussi vrai de dire qu’il « vaut mieux prévenir que guérir »? Mis à part certains traitements contre le cancer ou autres maladies similaires, vous avouerez que c’est vraiment rare que le remède soit pire que la maladie elle-même.
    Vous dites qu’une « peur viscérale » d’attraper certaines maladies pousse les gens à se faire vacciner. Dans un sens, je le reconnais. Je me rappelle avoir lu dans ma jeunesse des livres ou vu des documentaires sur des épidémies atroces de lèpre, peste, rage etc. Rien de ragoûtant. Mais je ne crois pas que ce soit la raison principale pour laquelle je suis pro-vaccination. Et je ne crois pas non plus que ce soit par souci de conformisme. Et certainement pas de l’insouciance.
    Peu importe si la maladie est grave ou bénigne, qu’elle laisse des séquelles ou non, qu’elle soit fatale ou non, il reste qu’être malade n’est jamais une partie de plaisir pour personne. C’est donc quelque chose que j’essaie d’éviter le plus possible, pour moi ou les miens. Je dois admettre que je ne me suis jamais questionnée outre mesure sur la vaccination. Cela « allait de soi », une bagatelle. Comme vous dites je fais confiance au système médical. Et jugé que les risques étaient minimes. De plus, c’est gratuit et les infirmières viennent faire les injections à l’école ou dans les cliniques. No problemo. Par contre, en fouillant un peu plus, je me suis rendu compte que c’est l’alternative qui me posait problème. J’aurais beaucoup de difficulté à vivre avec mon sentiment de culpabilité s’il s’avérait qu’un de mes enfants attrapait une maladie contre laquelle il aurait pu être immunisé mais dont j’aurais refusé le vaccin. Surtout si la maladie laisse des séquelles…
    Vous dites que les vaccinés se font immuniser pour gérer leur « peur », et c’est vrai dans une certaine mesure, mais je crois que les non vaccinés ressentent une peur encore plus intense et que c’est celle-ci qui les empêche d’approuver la vaccination. Ces craintes doivent être fort importantes mais sont-elles vraiment fondées? De quoi exactement ont-ils peur? Des effets secondaires ou de la procédure comme telle (piqûres)? Cette peur j’aurais presque pu la toucher lorsque je suis allée sur le site Vaccine Website. On aurait dit que le but de tout ce qui s’y trouvait était de valider la peur du pauvre internaute qui a déjà des soupçons sur le bien-fondé des vaccinations et qui vient se renseigner. Et la peur est bien mauvaise conseillère.
    Vous me demandez si je connais quelqu’un qui a souffert d’une fièvre jaune qui lui aurait été transmise par un voyageur et la réponse est non, heureusement. Je vous concède donc ce point et admets qu’effectivement ce risque n’est pas monumental, comparé à bien d’autres. De mon côté, je vous demande combien de personnes (adultes ou enfants) de votre entourage ont eu des complications ou effets secondaires importants suite à une vaccination, avec ou non des séquelles permanentes. Et je ne veux pas entendre parler d’autisme, vous connaissez déjà mon point de vue à ce sujet. En tout cas, personne dans mon entourage n’en a eus et j’ai un réseau social très étendu. Bien sûr personne n’a ressenti le besoin d’aller écrire sur Internet que tout s’était bien passé, car c’était juste normal qu’il en soit ainsi. Il faut toujours faire très attention à ce qu’on lit dans les différents sites Web et forums, les plaintes étant habituellement beaucoup plus nombreuses que les félicitations.
    Comme je l’ai déjà dit, les non vaccinés sont protégés parce qu’ils vivent dans une société de vaccinés. Honnêtement, ça ne me dérange absolument pas parce qu’ils sont vraiment en minorité (environ 2%). Je respecte sincèrement Mme Cadoret-Auger qui dit qu’elle n’a pas fait vacciner ses enfants parce qu’après avoir lu sur le sujet elle trouvait que ce n’était pas nécessaire. Parce que c’est « vraiment vrai » qu’ICI et MAINTENANT le risque d’attraper ces maladies est minime, PARCE QUE TOUT LE MONDE EST VACCINÉ. Je sais que je me répète mais pour moi il s’agit d’une évidence non discutable. Que voulez-vous, la polio de ma sœur et la rubéole de ma tante ont probablement joué un rôle important dans mon cheminement.
    Cependant, je n’ose même pas penser à ce que pourrait ressembler notre société si les gens arrêtaient de se faire vacciner. Je crois qu’il faut tenir compte des leçons que l’histoire nous a données au fil des siècles et en conclure que la grande majorité des vaccins ont été développés afin d’enrayer certaines maladies très graves et du même coup améliorer la qualité et espérance de vie de l’humain. Pourquoi s’en passer?
    Nous vivons en société. Dans une communauté urbaine. Au cours d'une journée typique nous pouvons être en contact avec des centaines de personnes que ce soit au travail, au centre commercial, dans l’autobus, à l’épicerie, au cinéma, au restaurant etc. La contagion aurait donc le vent dans les voiles dans une société non vaccinée. Pouvez-vous nous imaginer en quarantaines?
    Bien sûr les compagnies pharmaceutiques se remplissent les poches comme vous dites… et c’est parfaitement normal puisque nous vivons sous un régime capitaliste. Mais certaines compagnies font leurs profits en vendant des jeans à 200$ ou des souliers à 500$... est-ce vraiment mieux? Au moins les vaccins ont leur utilité. De plus, contrairement aux compagnies de vêtements/accessoires griffés, l’industrie pharmaceutique réinvestit une grande partie de leurs profits dans la recherche et développement de nouveaux produits... Alors je ne crois pas qu’elle mérite la terrible réputation de « grand méchant loup » si répandue de nos jours.
    Pour terminer, je crois moi aussi que nos points de vue ne sont pas aussi différents qu’ils peuvent avoir semblé à première vue. En fait, même si mon surnom est Vesta l’Intrépide, je me considère plutôt comme une « tenante de la prévention »; mes biens sont assurés contre les incendies même si les risques de passer au feu sont presque inexistants…! Et je ne joue pas à la Bourse!

    P.S. J’ai beaucoup aimé votre paragraphe « Croire est une grâce… ». Très beau. Très bien dit et surtout très vrai. Même si vous dites que la vérité est impossible à trouver!

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  2. Vesta,

    vous écrivez :

    "n’est-il pas tout aussi vrai de dire qu’il « vaut mieux prévenir que guérir »?"

    Peut-être... Mais la prévention, dans la conception que j'en ai, n'implique pas de traitement, mais plutôt des choix de vie sains.

    "Je dois admettre que je ne me suis jamais questionnée outre mesure sur la vaccination."

    Vous n'êtes pas la seule. Et, surtout, ce n'est pas l'unique sujet que l'on ne pense que rarement à questionner, ceux-là mêmes qui mériteraient sans doute notre plus grande attention.

    "J’aurais beaucoup de difficulté à vivre avec mon sentiment de culpabilité s’il s’avérait qu’un de mes enfants attrapait une maladie contre laquelle il aurait pu être immunisé mais dont j’aurais refusé le vaccin. Surtout si la maladie laisse des séquelles…"

    Et c'est normal. Il s'agit là d'une autre forme de gestion de risque. Cela me fait penser à une campagne, il y a quelques années, qui visait à justifier la vivisection : Votre enfant ou votre chien. En jouant sur l'émotion parentale, on voulait convaincre du bon usage des animaux de laboratoire. C'était stupide, démagogique et surtout faux. Aucun enfant n'a jamais été sauvé parce qu'on brûle la rétine des lapins avec des produits toxiques qui vont se retrouver dans des shampoings !

    "je crois que les non vaccinés ressentent une peur encore plus intense et que c’est celle-ci qui les empêche d’approuver la vaccination."

    Dans certains cas, sans doute. Mais je pense que beaucoup de ces gens sont conscients que la médicalisation est devenue un ça-va-de-soi pernicieux (le clergé est maintenant médical). Ils préfèrent peut-être, sauf cas extrêmes, employer des alternatives comportant moins de maladies iatrogènes.

    "De mon côté, je vous demande combien de personnes (adultes ou enfants) de votre entourage ont eu des complications ou effets secondaires importants suite à une vaccination, avec ou non des séquelles permanentes."

    À part des crises de diarrhées de 5 ou 6 jours, des vomissements et des fièvres élevées entraînant des convulsions (non mortelles), rien d'autre. Mais la question de la gestion du risque demeure en mon esprit : si un parent choisit de ne pas assumer le risque d'une intervention médicale (car c'en est une), je ne puis être que de son côté.

    "Comme je l’ai déjà dit, les non vaccinés sont protégés parce qu’ils vivent dans une société de vaccinés."

    Je me répète aussi, mais je ne comprends toujours pas le risque couru par ceux qui sont vaccinés, si les vaccins sont efficaces... Si le vaccin est fonctionnel, un vacciné parmi un troupeau de porteurs de variole devrait siffler tranquillement, non ?

    "Bien sûr les compagnies pharmaceutiques se remplissent les poches comme vous dites… et c’est parfaitement normal puisque nous vivons sous un régime capitaliste. Mais certaines compagnies font leurs profits en vendant des jeans à 200$ ou des souliers à 500$... est-ce vraiment mieux?"

    Oui, c'est mieux ! Il n'y aura jamais de danger à porter des jeans, quand bien même ils vaudraient 500 $. Par contre, une compagnie qui, parce qu'elle a investi des milliers (millions !) de dollars dans la recherche, met en vente un produit éventuellement dangereux (je pense ENTRE AUTRES au Champix, et, horreur, à la Thalidomide) pour faire de l'or est une compagnie criminelle. Et il y en a.

    "Alors je ne crois pas qu’elle mérite la terrible réputation de « grand méchant loup » si répandue de nos jours."

    Je pense ici contre vous. Vous êtes vous déjà demandé quelle pouvait bien être la motivation d'une entreprise qui fait des milliards de profits annuellement et qui veut en faire plus ? Nous ne sommes plus dans le désir de consommer ou de pouvoir. C'est autre chose de beaucoup plus pernicieux et profond (Satisfaction des actionnaires, cotations, etc.). Nous sommes très loin de l'altruisme, soyez-en certaine.

    Cela dit, je suis heureux de pouvoir échanger avec vous. Et sachez que, si je ne suis pas d'accord avec toutes vos opinions, je serais le premier à me battre pour que vous puissiez les exprimer (Cf. Voltaire).

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  3. Ah ! Oui, j'oubliais : quelques suggestions de sources d'information relatives à notre discussion :

    - Québec sur ordonnance, film de Paul Arcand, 2007.

    - La lumière médicale, Norbert Bensaïd, Seuil (Points A54), 1981.

    - Némésis Médicale, Ivan Illich, Seuil, 1975.

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