mercredi 16 avril 2008

Par delà leur lecture

Je lis ceci dans une publicité destinée à promouvoir la lecture : "Des parents s'interrogent... Pourquoi lire ? Aider une enfant à bien lire, c'est l'aider dans son cheminement scolaire; c'est multiplier les chances qu'il puisse poursuivre la carrière de son choix et c'est l'initier à un loisir dont il pourra profiter toute sa vie. La lecture contribue au développement global de l'enfant. Elle l'amène aussi à réfléchir et à faire des découvertes. Elle suscite son imaginaire et lui permet d'apprendre. Elle l'aide enfin à s'ouvrir sur le monde en plus de lui permettre de développer de nombreuses habiletés." En lisant cette présentation toute socialisante, je me disais que l'on avait oublié d'expliquer que la lecture permet surtout d'avoir une autre perspective sur le monde, qu'elle propose de toucher à des pensées qui sortent du petit cadre habituel dans lequel l'enfant vit et où, habituellement, il restera enfermé jusqu'à sa mort, faute d'avoir eu le temps de lire (sic). On ne mentionnait pas non plus que la lecture peut aussi être une superbe fuite quand l'emmerdement du monde nous sort par les narines, quand la lucidité permet de voir dans sa plus pathétique expression la capitulation adulte et que les mots sont une sortie de secours moins extrême avant de prendre l'ultime. Enfin, on évitait de dire que la lecture peut mener sur les chemins de la rébellion face à l'absurdité bourgeoise, face à la négation de la mort, face à l'endoctrinement de Mammon, face à la soumission institutionnalisée, face aux emmerdeurs gradés, bref, face aux cons de tout acabit. Je ne suis guère étonné : on vend la lecture comme on vend tout le reste, comme un outil de réussite social, comme une autre façon de devenir un bon chien (savant, cette fois). Mais la lecture est une graine de pourquoi semée dans la terre grasse du il faut, un petit caillou qui s'insinue dans l'engrenage machiavélique du prêt-à-penser. Chut ! Ne leur dites surtout pas, ils pourraient finir par légiférer.

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