mardi 10 juin 2008

Le lendemain

Les lendemains sont toujours calmes. Jeudi, c'était une petite tempête émotive pour moi. Devant tous ces gens venus pour accueillir mon dernier livre, je me sentais légèrement perdu. À la question : "De quoi ça parle ?", je ne sais quoi répondre, je perds mes mots, la langue me fourche. "Ça" parle d'attente, de perte, de patience, de mensonge, d'une lumière qui souvent manque, d'un enfant différent, d'un homme qui observe le monde qui lui est étranger. Mais rien ne me vient. Que des "merci d'être venu" qui se perdent dans des "c'est normal" et des "merci de m'avoir invité". Somme toute, je me sens bien. Tous ces gens ont pris le temps de se déplacer pour voir des feuilles liées sur lesquelles j'ai écrit des mots et des idées. Cela me touche. Beaucoup. Je revois des visages que je n'avais pas vu depuis longtemps : Martin, Ève-Katherine, Catherine, Jérôme, Pierre-Élie, le petit Simon... À la salle de bain, j'en croise un encore plus rare, dans le miroir : mon visage d'écriture, mes yeux de lettres, mon sourire de vision. La même que j'ai mis dans mon livre. Au premier regard, le récit semble triste. Il y a peut-être quelques tournures qui touchent à la part la plus sensible de l'âme, mais l'attente qui y est narrée n'est pas désespérée, bien au contraire. Après les trois courtes lectures, quelqu'un me glisse, visiblement troublé : "Tu avais des comptes à régler...!". On ne pourrait dire mieux. Ce livre est écrit avec mon sang, et chacune des pages rédigées est un compte que je règle avec moi-même et la vie. Pour moi, écrire c'est cela : se livrer avec style. Les histoires qui font bien passer le temps ne m'intéressent pas. Les romans qui se dévorent dans les gares ou aident à s'endormir guère plus. Ce que je cherche en littérature, ce sont des mots qui me bouleversent, des idées qui me renversent, des paroles de feu ou de lumière. C'est ainsi que je vois la littérature et c'est ainsi que j'écris. J'ai déjà commencé à écrire autre chose. Les idées me viennent plus aisément depuis que L'Attente a pris son envol sans moi. Ce sera une histoire d'amour de la lecture, de liberté, de passion. Je ne sais rien écrire d'autre.

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