dimanche 27 septembre 2009

La solution permanente de Nelly Arcand


La mort de l’écrivaine Nelly Arcand m’a troublé. Quand la souffrance et le mal de vivre atteignent leur apogée dans le suicide, je ne peux faire autrement que me dire à moi-même : Requiescat in pace, enfin. Enfin pour elle, bien entendu, car l’âme qui remue les soubresauts noirs des jours (et des nuits) finit par être tordue et consumée. Une camisole de flamme, pour reprendre l’expression de Matzneff, n’est jamais facile à porter, quand bien même celle-ci vous aurait mené au sommet de la gloire littéraire.

Il faut l’avouer, elle avait toute une plume, Nelly Arcand. Si ce n’est pas vrai que le tourment fait systématiquement le grand créateur, il semble y avoir empiriquement un possible de création qu’ouvre l’angoisse existentielle, comme en fait foi le nombre d’artistes tourmentés qui sont passés à la postérité. C’est particulièrement vrai en littérature, où le poids de vivre ressenti par certains écrivains finit par les pousser à ce geste extrême et final. Je pense au poète italien Cesare Pavese, à l’écrivain autrichien Stefan Sweig, à Hubert Aquin ici au Québec, à Guy Debord, à Drieu Larochelle, à Romain Gary, à Montherlant, à Sylvia Plath… Chacun ayant choisi de mettre fin à leur vie parce que vivre était devenu insupportable. Je pense aussi au titre d'un recueil de Pavese : Le métier de vivre, car il va sans dire que vivre est pour certains aussi difficile que d’exercer un travail où il faut chaque jour recommencer, sans être capable de trouver la motivation nécessaire pour l’accomplir. Sous la plume de Nelly Arcand, la fatigue de vivre se montrait, s’exposait, explosait :

« […] je me tuerai devant vous au bout d’une corde, je ferai de ma mort une affiche qui se multipliera sur les murs, je mourrai comme on meurt au théâtre, dans le fracas des tollés. » (Putain, p. 87).

Et la dernière phrase du roman, chute mordante :

« […] ces choses-là ne se produisent jamais lorsqu’on est moi, lorsqu’on interpelle la vie du côté de la mort. » (Putain, p. 187).

J’ai lu Putain il y a des années, quand le livre venait de paraître. J’en avais entendu parler (évidemment !), mais je me méfiais de cette nouvelle auteure qui avait un style incomparable, disait-on. J’ai été confondu : non seulement j’ai adoré le livre et le style, mais l’un et l’autre m’ont fait passer une nuit blanche durant laquelle j’ai dévoré le récit perturbant d’un couvert à l’autre. Je me souviens du moment précis, du divan où je m’étais étendu et, bien sûr, de l’effet que l’œuvre de Nelly Arcand avait eu sur moi. J’aime me retrouver parmi les miens : ceux qui osent dire ce que la plupart aimeraient laisser caché, ce que presque tous préfèrent taire, surtout à eux-mêmes. Il y a un risque à être lucide et vrai, et le geste posé par Nelly Arcand le prouve encore une fois. On dira tout et n’importe quoi dans les médias, surtout n’importe quoi. Chacun ira avec sa petite analyse psycho-pop et trouvera LA raison. J’ai écrit quelque part que le suicide est une solution permanente à un problème temporaire et que l’écriture est une solution temporaire à un problème permanent. Je le pense encore, plus que jamais, et il va sans dire que lorsque cette solution temporaire n’est plus efficace, la solution permanente remonte à la surface.

Triste, ce suicide ? Oui, si l’on est de ceux qui l’aimaient. Tragique ? Oui, si l’on est de ceux qui la comprennent. Aurait-on pu l’aider ? Sûrement. Aurait-elle pu s’aider ? Non, sinon elle n’en serait pas arrivée là. Et d’ailleurs, s’aider à quoi ? À supporter ? À endurer encore un peu ? À mieux apprendre le métier de vivre…? Ce qui est certain, c’est qu’il y aura toujours des simplificateurs pour affirmer qu’après la pluie vient le beau temps. Un chroniqueur est allé jusqu’à dire que certaines personnes se promènent avec un petit nuage au-dessus de leur tête, comme dans les dessins animés de notre enfance. Et si c’était l’inverse, monsieur l’ancien franc-tireur recyclé par l’Empire médiatique populaire, si le temps en général était gris, brumeux, sombre, et que la majorité était capable de se fabriquer son petit soleil perso, en se mentant à elle-même, en s’inventant des histoires, en se projetant vers des rêves qui glissent toujours vers d’autres qui glissent toujours vers d’autres… Et quand on sait ce que peut coûter à un individu ce petit soleil perso, on se demande si ce n’est pas cher payer son petit confort intérieur. Quoi qu’il en soit, et je ne cesserai de le répéter, il faut du courage pour vivre. Et il faut être fort, très fort, pour vivre lucidement. Fort et endurant. Nelly Arcand n’a pas manqué de force, elle a manqué d’endurance.

3 commentaires:

  1. Je n'avais pas vue cela sous cette angle , être éveiller parmis la horde de Zombie ce n'est jamais facile d'être lucide , certains supportent mieux que d'autre ...

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  2. C'est une fin attendue, la vie est trop difficile, trop lourde à porter, et la seule donnée de la vie, c'est de faire des plans sur la comête, d'échaffauder des choses et des choses, toutes stériles, débiles, qui ne se produisent jamais car dans le fond, toute vie est vaine, dénuée d'intérêt, illusoire. Tous les écrivains sont arivés à la même conlusion de Houellebecque à Monterlant. La survie est dans l'écitue et la dscription burlesque de nos contmporains. L'imbécile heureux fuira le radoteur car il craint comme personne son débit et il redoute ses impulsions. Le seul métier de vivre, c'est de se tuer en s'essouflant, pour les autres, il y a toujours du colgate fluor mfp, et du julien Courbet, le football. La vie n'est que le ressassement hagard des premiers effets, des rêves déçues, une interrogation crispée et lugubre, une douleur muette qui renaît à l'infini et qui renvoie chacun à sa finitude. Pensez donc à Cioran, évaluer à tout moment la possibilité de sortir de cet enfer par le suicide, et vous aurez plus ou moins briévement la solution. Certes Cioran ne s'est pas suicidé, il a seulement décrit un chemin du possible, il l'a envisagé mais sa fin de vie à été pitoyable quand on le mena pratiquement infirme à l'hospice. Evaluez donc les heures du bonheur et vous verrez comme elle vous semble futile,au regard d'une vie entiére passée dans l'inquiétude. Nelly Arcand a sans doute connue bien des difficultées, des moments de solitude; un doeuil, du chômage, suffit à comprendre ce qu'est l'homme pour autrui. Il ne le comprends pas, il digére son intériorité, et les divagations maussades de son estomac; CHIURE d'humain, pancréas, foie nauséeux. Nous ne sommes que cela. Des humains imperméables à la souffrance extréme d'autrui.

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  3. Je ne peux dire autrement bravo, pour ce que vous avez écrit, sait assez bien dit, autrement pour Richard, sait qu'un autre de sait individus qui ne veut simplement pas admettre que la vie est un travail à temps complet + les heures supplémentaire, mais derrière ses masque ce cache souvent seul avec soit même, de la tristesse ou des remise en question sur nôtre propre vie, mais après tout ce n'est qu'un autre de sait marionnette qui joue la game être parfait, que la vie n'est qu'une bande dessiné.

    Pourtant ils ont rien compris, peu-être si, mais ce refuse à l'admette, par peur de montré leur faiblesse, voilà nôtre société, les gens ont peur de montré vraiment qui ils sont de intérieur, alors vaut mieux faire rêvé, quitte à perdre à coup de suicide quel-que uns, qui ont mal supporté le fardeau de vivre sa vie superficiellement au dépend des autres.

    Nelly était une femme parmi tant autres femme, je me suis vue en elle, même étant un homme, elle inspirait, portait sur elle trop de bagages, elle habitait sur la rue St-Dominique que depuis 1 mois seulement, de chez elle une École Primaire surplombait sa chambre, chaque réveille, elle ce réveillait par des rire et des cris enfants, peu-être est-ce le coup de grâce, avec le fardeau accumulé sur les épaules au fil du temps, qui lui à causé sa perte ainsi, ont le serra probablement jamais mais, une choses est sûre, sait qu'ont tous des compte à rendre quand une personne meurt ainsi, sait ce que je croit, sait un méchant problème de société, ou soit même ont ce sent impuissant, que pouvant nous faire demain matin? j'essaie en vain être moi même, montré qui je suis vraiment, mais ont me repousse sans saise, je ne suis pas assé superficielle? je suis pas dans la game?

    Même avant sa mort sérieusement, je savait plus ou j'en était dans ma vie, je me pose encore trop de question, à savoir ce que je vais devenir dans 2 semaine, dans 1 ans...car la tension est trop forte parfois, j'aurai le gouts explosé, mais j'essaie encore de m'a croché, à quel-que choses, du moins pour passé le temps en vie avec les gens que j'aime autour de moi, rien de plus, parce que le reste dans ma vie, sa va pas fort, pourtant chaque personne qui ce dissent cela, sont souvent des grand sentimentale, des artiste, des passionné, des rêveurs, qui ce pose trop de question, qui veulent que les choses changent pour le bien de soi même et de tout le mondes autour eux, mais souvent ils porte à ce détruire intérieurement, car ont ce fait jugé à la première occasion, sans compte à rendre, ont nous mitraille à nous remettre en questions.

    Ont avait besoin encore de toi Nelly, mais aussi d'autre gens qui ne sorte pas publiquement mais qui te ressemblait beaucoup, je suis sûre que tu était pas la seule sur terre, qui te ressemblait autant, reste qu'aujourd'hui ont doit les cherché longtemps, parce qu'ils sont en voie distinction.

    Halloween sait 365 jours par année.

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