mercredi 9 février 2011

Fido zappe et Minou gobe

Les médias nous apprenaient, lundi dernier, qu'il y a eu 13 millions d'ordonnances d'antidépresseurs en 2010 au Québec seulement. Dans les faits, c'est 13 millions de fois où un patient entre dans le bureau de son médecin et dit :

- Ça ne va pas. Je ne me sens pas bien.
- Je vais vous faire une prescription d'antidépresseurs.

ou

- Je ne me sens pas bien. Ça ne va pas.
- Je vais vous faire une prescription d'antidépresseurs.

Moi, personnellement, ça ne me dérange pas du tout. Au contraire, je comprends très bien qu'on puisse avoir envie de vomir son humanité de temps en temps, et j'ai mes propres drogues pour supporter certains volets de la vie. Ça peut être une fichue bonne sortie de secours, les pilules, quand tout dérape et que la maison est en feu. Mais dans ce contexte d'orgie de Paxil, Cipralex, Zoloft et autre Luvox, je m'étonne de voir tous ce monde inconditionnellement heureux autour de moi. 13 millions d'ordonnances d'antidépresseurs, ça fait tout de même pas mal de gens qui ne se sentent pas bien. Un ami avec qui j'abordais le sujet me dit : "Ben justement, c'est parce qu'ils en prennent qu'ils sont souriants". Ah... que je réponds ahuri. Moi qui pensais que cette félicité leur venait de leur voyage annuel dans le Sud, leur brillante carrière, leurs beaux enfants, leur belle maison, leurs runs de motoneige, leurs voyages de pêche...

Évidemment, ce n'est pas la première chose qu'on a envie de dire : "By the way, je prends des antidépresseurs depuis six mois". Mais entre ça et "Ma-vie-est-la-plus-extraordinaire-chose-qui-me-soit-arrivée-depuis-toujours", il y une marge, frôlant l'hypocrisie.

C'est comme la télévision. Les cotes d'écoute sont toujours à la hausse, mais personne ne l'écoute. Essayez, vous allez voir :

- Tu écoutes la télé, toi ?
- Moi, non, pas vraiment, de temps en temps.

Or, une marche en soirée suffit à voir que toutes les télévisions sont allumées dans toutes les maisons. C'était vrai quand j'habitais au cœur de la ville, vrai quand j'ai habité en banlieue et c'est encore vrai ici, à la campagne. Mais qui écoute, puisque personne n'écoute ? Le chien, probablement. Pendant que le chat digère ses antidépresseurs.

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