dimanche 12 juin 2011

L'amphithéâtre d'homo festivus

C’est Philippe Muray qui doit ricaner dans son cercueil. L’essayiste savait bien qu’homo festivus n’était pas que Français et que cette frénésie pour le festif était non seulement applicable à toutes les sociétés industrialisées, mais qu’elle allait prendre encore de la force avec le temps.

On l’a bien vu à Québec ces dernières semaines : homo festivus s’est déchaîné et quiconque s’écartait un peu de son consensus à la guimauve était bon pour l’opprobre. Enchaînant les qualificatifs, arriéré, démodé, dépassé, désuet, fossile, inactuel, homo festivus tentait ainsi une critique de ceux qui ne pensent pas toujours en terme de spectacles et d’amusements. Portant comme un étendard son mirage de vie festive et heureuse, que dis-je, de vie festive donc heureuse, il ne comprenait pas que l’on puisse questionner un projet tel que celui de l’amphithéâtre Labeaume-Péladeau.  C’est qu’en réalité, homo festivus ne s’explique pas que quelqu’un puisse ne pas toujours désirer s’amuser. Et dans son désir d’homogénéité sans borne, chaque opinion contraire à la sienne l’enrage comme un enfant qui tape du pied.

La polémique entourant ce carnaval de passion ludique a été à même de montrer encore une fois après l’orgie récréative du 400e et le spectacle de Céline que le québécois contemporain moyen n’est pas différent de l’humain contemporain moyen : tous veulent s’amuser à tout prix. Il est vrai qu’il est bien difficile de se questionner sur le sens de l’existence une main de mousse géante brandie à bout de bras…

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