vendredi 20 avril 2012

On ne fait pas d'omelette...

Depuis le début de la grève des étudiants, le gouvernement a utilisé tous les moyens à sa disposition non pas pour trouver une solution au conflit, mais bien pour discréditer ses opposants. En traitant des citoyens ainsi, on a créé le monstre qui, malgré les coups bas répétés, ne semble pas vouloir mourir. Au contraire, l'animal enrage et rue violemment. Non seulement ne veut-il pas plier l'échine, mais le voilà qui hurle encore plus fort, dérangeant évidemment les endormis qui ne demandent qu'une chose : qu'on les laisse survivre en paix. Et voici homo festivus qui rechigne entre deux parties de hockey; et voilà le prolétaire qui s'époumone en ventant les vertus du travail; un peu à droite, la petite bourgeoise s'inquiète de perdre sa session payée par papa; un peu à gauche, le bourgeois trouve que tous ces cris l'empêchent de rester immobile comme il en a la passion depuis qu'il a sa permanence. Au bout du compte, presque tout le monde est mécontent de voir une jeunesse forte et assoiffée de justice, ce qui en dit beaucoup sur l'air vicié du temps.

Je pense qu'il faudrait au contraire admirer ce combat inégal et, du coup, se demander pourquoi les pissenlits qui poussent sur notre pelouse nous dérangent tant. N'avons-nous pas eu, nous-aussi, un jour, le goût de la justice? N'avons-nous pas pensé, quand nous étions encore libres de notre temps, que certaines causes méritaient nos efforts pour leur symbolisme? N'avons-nous jamais acquiescé, dans le court métrage « Le temps des bouffons », à l'idée que les chiens qui mangent du pauvre ne devraient pas être surpris quand un des leurs se retrouve dans une valise de char?

Aucun commentaire:

Publier un commentaire