mardi 22 mai 2012

Ces savoirs inutiles

On ne se le cachera pas, il y a un champignon sur la poutre dont personne ne parle. La fracture qui touche actuellement le Québec a plusieurs causes, mais l'une d'elles est rarement abordée : le climat anti-intellectuel qui sévit dans le discours populaire et politique.

Que des prolétaires sous-payés qui n'aiment pas leur travail s'enragent contre ce qu'ils croient être des enfants gâtés qui font des études inutiles, on peut le comprendre. Il faut en effet un bon recul historique et une certaine réflexion globale — qui de toute évidence et malheureusement leur manquent — pour saisir l'importance des savoirs qui ne servent pas à construire des ponts ou trouver des traitements au cancer. Il suffit de consulter quelques blogues et commentaires au hasard du web pour dénicher une multitude de ces opinions anti-intellectuelles de plus en plus populaires.

Que des parvenus les poches pleines qui ont la certitude que leur MBA en économie est l'apogée des études universitaires méprisent des gens qui connaissent l'Histoire du monde ou l'évolution de la pensée, on se l'explique aisément. Ils parlent rentabilité quand on leur parle de connaissances...

Mais que des recteurs d'université ou une ministre de l'Éducation parlent de l'université comme d'un lieu qui doit s'adapter au marché et aux besoins des entreprises, c'est non seulement faire preuve d'un mépris sans borne pour la culture et les intellectuels, mais c'est aussi s'attaquer aux fondements mêmes de l'université et à une tradition du savoir vieille de plusieurs siècles.

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