lundi 11 juin 2012

Jacques a dit


Les récents propos de Jacques Villeneuve ont fait exploser les médias. En traitant les étudiants en grève de « fainéants », d’ « enfants à qui leurs parents non jamais dit non » et de « rebelles sans cause à défendre », l’ancien coureur automobile a polarisé un peu plus les opinions des québécois.

À droite, on a jubilé, affirmant que Villeneuve n’a fait que dire tout haut ce que la fameuse majorité silencieuse pense tout bas. Les chroniqueurs Éric Duhaime et Richard Martineau y sont évidemment allés de leur petite diarrhée de dithyrambe devant tant d’audace. Aucun des deux n’aura eu le courage de déplorer, au-delà des idées, le ton condescendant et paternaliste des propos qu’ils endossent.

À gauche, les médias sociaux se sont enflammés : insultes, attaques et, semble-t-il, menaces de mort contre Villeneuve. On comprendra pourquoi : insulté de la sorte, quiconque a un peu de fierté sort les dents, et les dérapages verbaux, même s’ils sont injustifiables, s’expliquent : le mépris engendre le mépris, et la haine n’est jamais bien loin.

Mais en réalité, on n’aurait pas dû faire tant de vagues avec si peu de crédibilité. Quand on regarde qui est Jacques Villeneuve, on ne devrait pas se surprendre de son opinion qui est celle, il importe de le rappeler, des biens nantis de ce monde à qui profite le système actuel. Que Jacques Villeneuve n’ait jamais eu un véritable emploi de sa vie devrait suffire à nous faire hausser les épaules devant sa morgue. Qu’il ait flotté dans un monde artificiel de millionnaires pour qui le salaire minimum est un concept inconnu aurait dû faire s’esclaffer ceux qui savent qu’une semaine de 40 heures de labeur ne vaut parfois que 396 $ par semaine avant impôts et retenus. Qu’un enfant de la Formule 1 élevé en Suisse et complètement déconnecté de la vie au Québec vienne faire la morale à un peuple en crise n’est pas une insulte, mais à la fois une parodie de la liberté d'expression et une reproduction fidèle de ce que pensent beaucoup de richards qui ne réfléchissent qu’en terme de dollars.

Moi, Jacques Villeneuve me fait rire. Des gosses de riches incultes qui se permettent des jugements sur un combat contre une injustice qu’ils ne connaissent pas, je suis habitué d’en fréquenter. Nul besoin d’un coup de bâton pour leur faire perdre leurs grands airs de patron. Quelques questions suffisent pour mettre à jour leur ignorance sur à peu près tout.

1 commentaire:

  1. http://www.lapresse.ca/actualites/dossiers/conflit-etudiant/201206/07/01-4532806-retournez-a-lecole-les-invites-de-la-f1-guere-emus.php

    Selon Jacques Villeneuve, le conflit coûte cher à la ville, n’a-t-il pas entendu parler du vol du siècle qui aurait coûté au bas mot 100 milliards de dollars au peuple québécois?

    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=oaG4i4P0H9I#!

    Selon Jacques Villeneuve, les manifestants prônent la liberté, mais en enlèvent à beaucoup de gens. Nous luttons contre une loi inique qui suspend des droits fondamentaux reconnus par la communauté internationale, loi qui a été dénoncée de par le monde. Si ça perturbe leur petite fête mondaine, c’est un moindre mal… non?

    Selon Jacques Villeneuve, nous avons passé notre jeunesse sans que nos parents nous disent : non. Je ne peux parler pour les autres, mais il me semble que toute ma vie on m’a dit non. Je pense que contrairement à sa génération, « les jeunes » ont décidé de se battre pour améliorer leur société et la condition humaine en général plutôt que de penser uniquement à son nombril. Les causes « qu’ils » ont choisi de défendre me semblent justes, les vraies valeurs reviennent à la mode.

    Selon Jacques Villeneuve, nous passons seulement notre temps à nous plaindre et c’est tout. Je ne pourrais être plus en désaccord que je le suis avec cette affirmation gratuite et méprisante. Le peuple a décidé d’utiliser le seul moyen démocratique qui lui restait pour essayer de changer les choses et j’ai nommé : la rue. D’ailleurs, c’est plutôt ironique qu’ils disent ça des manifestants, alors qu’il est justement, en train de se plaindre…

    Enfin, Jacques Villeneuve dit quelque chose d’intelligent : « J’ai du mal à comprendre ce qui se passe, il est temps que les gens se réveillent un petit peu, qu’ils arrêtent de faire les fainéants. Ça fait assez longtemps que ça dure. » Nous avions tous bien compris que… tu n’avais rien compris, mais bonne nouvelle Jacques, c’est ce qu’ils font… Est-ce qu’un fainéant sortirait chaque soir pour aller marcher et manifester afin d’améliorer sa société? Je ne crois pas! Eh oui Jacques, ça fait assez longtemps que ça dure, 9 ans de néo-libéralisme à se faire voler par le gouvernement, c’est long!

    Julien Bonnier

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