jeudi 6 septembre 2012

Être associé à un fou


Réglons une chose tout de suite : Richard Henry Bain est un fou. Je précise : au sens psychiatrique du terme. On ne sort pas un soir, vêtu d’une robe de chambre et d’un passe-montagne, armé jusqu’aux dents, pour assassiner des gens qui pensent différemment.

Quand un fou pète ainsi les plombs, une société doit se questionner principalement sur deux choses : la sécurité des lieux publics et sa responsabilité indirecte quant à l’état d’esprit de ses citoyens. On panse les plaies, on fait son deuil, on analyse et on ajuste.

Mais il y a quelque chose de plus dans ce drame-ci : le fou a dit quelque chose lors de son arrestation : « Les Anglais se réveillent. It’s gonna be fucking payback ! ». C’est un fou, il aurait pu dire n’importe quoi. Comme le disait Josh Freed, montréalais anglophone et francophile chroniqueur au journal The Gazette : « J’aurais préféré qu’il crie : "Les martiens arrivent!" ».

Ce n’est malheureusement pas ce qu’il a dit. L'horreur se trouve renforcée par ces paroles venant de la bouche d'un dément. De même manière, il y aurait eu, malgré l’effroyable violence du geste de Marc Lépine à l’École Polytechnique de Montréal en 1996, un tout petit peu moins de noirceur si ce fou meurtrier avait tué au hasard plutôt qu’uniquement sur des femmes. Même l’horreur la plus incompréhensible a ses degrés.

La communauté anglophone a eu le cœur brisé par les paroles politiques de Bain. Je comprends parfaitement. Le mien aurait éclaté si un tireur fou avait crié « Vive le Québec libre » après son crime. On ne veut pas être associé à un cinglé pareil, quelles que soient nos opinions, nos valeurs ou nos croyances. Et à la vue de cet extrême, on ne peut que se sentir gêné de brandir fièrement un drapeau, de quelque couleur qu’il soit.


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