« L'athéisme est une négation de Dieu,
et par cette négation, il pose l'existence de l'homme. »
Karl Marx, Extrait de Manuscrits, 1844
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C’est simple, je suis toujours du côté de ceux qui se
battent contre la soumission, l’aveuglement, la naïveté, la crédulité, l’esclavage
forcé ou volontaire, la bêtise…
« Quoi ? C’est bête de croire en Dieu ? » C’est
vous qui le dites. Mais entre vous et moi, vous diriez quoi, si je vous disais,
demain matin, qu’un de mes amis est mort, est monté aux cieux, puis est revenu
me dire un petit bonjour ? Ou si je certifiais, durant un souper, qu’un être
suprême a créé l’homme (comme l’a fait Rachid Badouri à TLMEP), et que par conséquent
toutes les découvertes sur l’évolution des homininés (à ne pas confondre avec
la famille des hominidés qui comprend les gorilles) sont des faussetés ? Et si j’affirmais
qu’il est acceptable que des Rabbins circoncisent des nouveau-nés avec leurs
dents encore de nos jours parce que c’est le rituel demandé par un grand barbu
tout-puissant (c. f. Christopher
Hitchens, Dieu n’est pas grand) ? Ou
encore si je m’agenouillais 5 fois par jour en direction d’un certain lieu pour
prier dans une autre langue que la mienne, peu importe où je suis, même chez vous
en visite ? Enfin, si je prétendais que j’aimerais mieux arrêter de pratiquer
mon sport préféré ou perdre mon emploi plutôt que de retirer un attirail
religieux quelconque imposé par un dieu, ou plutôt devrais-je dire par ses émissaires
terrestres ?
Vous ne diriez sans doute rien. Au nom de la liberté de
religion, de la liberté de conscience ou de je ne sais quelle autre tolérance crédule,
mais nécessaire au bon fonctionnement de l’usine existentielle. Soit, je vous l’accorde,
on peut bien croire à ce que l’on veut, et je suis le premier à ne pas vouloir
qu’il en soit autrement, pourvu qu’on me laisse le droit de croire que c'est simplet
ou stupide, selon le cas. Pourvu aussi que cela ne vienne pas compromettre,
comme le stipule la Convention européenne des droits de l’homme, la sécurité
publique, la protection de l'ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou
la protection des droits et libertés d'autrui. Je crois religieusement moi-même
que si je me coupe les ongles d’orteils le jeudi après 17 h, je risque d’avoir
un ongle incarné et d’être damné par le
Dieu des rognures d’ongles. J’exerce mon droit de liberté de conscience en
toute légalité, qu’est-ce que ça peut vous faire ? Mais je ne vais pas aller
jusqu’à demander à mon patron de finir une demi-heure plus tôt pour aller me
faire une pédicure superstitieuse, même si j'ai la liberté de conscience pour
moi. Vous voyez où je veux en venir ?
Bon, mon dogme des rognures d’ongles est sans doute inhabituel,
quand on le compare à l’engouement planétaire pour un homme qui marche sur l’eau,
rend la vue aux aveugles et transmue l’eau en vin ou pour un marchand né à La
Mecque à qui Dieu a directement dicté un code de vie stricte et parfait, mais c’est
le mien; et si le proverbe dit que plus on est de fous, plus on rit, ce n’est
assurément pas parce qu’on est plus de fous qu’on est plus dans la vérité.
Autrement dit, ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à y croire que c’est
vrai. Et entre vous et moi, les dieux ont de ces exigences : bigoudis,
barbes, tissus, couteaux, cages, chapeaux étranges, meurtres commandés…
Vous connaissez Eddie Castillo ? C’est ce type qui s’est fait photographier avec une passoire à spaghetti sur la tête pour son permis de conduire. L’histoire est arrivée au Texas au mois d’août 2013. Et on l’a laissé
faire. Pourquoi ? Parce que le bon Eddie est un fidèle disciple du pastafarisme,
une religion (vous aurez compris que tout cela est fort ironique et voulu
ainsi) dont la divinité principale est le Monstre en spaghetti volant. Son
prophète principal est Bobby Henderson, un diplômé en physique de l’Université
de l’Orégon, qui en avait assez qu’on enseigne le créationnisme dans une université qui compte maints départements qui démentent scientifiquement cette croyance en un dessein divin. Cette religion connaît un essor formidable depuis
sa fondation et je pense souvent qu’elle me conviendrait parfaitement. Vous
trouvez ça stupide de croire en un spaghetti volant tout-puissant ? Moi, pas
plus qu’en toutes ces formules magiques, superstitions fantasmagoriques et
autres convictions ésotériques qui font les supposées grandes religions de ce
monde, celles auxquelles on adhère étant petit et qu'on conserve comme un tic nerveux, devenu grand.
Le Père Noël, je veux bien pour l’esprit des Fêtes des tout-petits, mais j’ai
abandonné la légende du Pôle Nord il y a belle lurette, à peu près au moment où j'ai commencé à raisonner. On devrait tous se demander, simplement et
honnêtement, un jour devant notre miroir, pourquoi on croit à ces histoires
magiques. Parce que ces fariboles libératrices d’angoisse de vivre en sont
toutes, des histoires magiques, et je vous mets au défi de me prouver le
contraire. Je suis d’accord avec le biologiste britannique Richard Dawkins, qui
affirme cette simple logique : « l'obligation de la preuve repose sur
celui qui dit, je crois en Dieu, au Monstre en spaghetti volant, aux fées ou en
n'importe quelle autre entité. Ce n'est pas à nous de le réfuter. » Vous
dites que je ne crois en rien et que je suis donc païen, damné, condamné,
bouché, mécréant ? À vous de me le prouver.
Je disais donc : la charte. Je ne vois pas ce qu’il
y a de mal à ce qu’un État laïc oblige, par un désir de neutralité issu d’une
volonté laïque, un de ses employés à s’habiller et se comporter en laïc. Je trouve normal qu’un
employeur laïc, dans le privé ou le public, s'attende à ce que son salarié, sur ses
heures de travail, quand il représente la compagnie ou l’État qui l’emploie, s'abstienne de porter des couteaux symboliques, des bigoudis magiques, des
voiles divins ou des passoires à spaghetti spirituelles.
Je suis donc pour une charte des valeurs pour les employés
de l’État. Dans la rue, en public, en privé, nous continuerons à faire comme
nous l’entendons ou comme notre dieu l’entend. Mais si l’État emploie et paye,
il pourra exiger qu’on retire temporairement la passoire à spaghetti, pendant
qu’on représente l’État, qui
représente le peuple, qui a fait en toute conscience le choix de laïciser l’État. Et pour la
question du manque de tolérance que ça pourrait représenter aux yeux de
certains, je citerai simplement Foglia comme défense : « la mosquée est à droite en sortant ». Ça dit tout sur notre vouloir d’accommodement
et, surtout, c’est éclatant de liberté.
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