Dans les derniers jours, j’ai vu
un Québec qui m’accable, lu un peu partout des commentaires qui me glacent le
sang, entendu ça et là des propos qui me laissent pantois. De grâce, respirons
un peu, le feu n’est pas pris au parlement.
Qu’est-ce que les forces de l’ordre doivent combattre en
réalité ? Une révolution sanglante ? Une tentative de génocide ? Un attentat contre
le premier ministre ? Non, des jeunes qui veulent un monde meilleur. Oui, ils
sont souvent malhabiles dans leur façon de dire, ils sont frondeurs et défient
parfois les policiers d’un peu trop près, ils sont quelquefois utopistes et naïfs.
Mais n’est-ce pas justement ce qui fait la beauté de la jeunesse, elle qui n’est
pas encore accaparée par tout ce qui fait de nous des adultes si rationnels et
logiques ? Peut-on lui reprocher d’avoir encore des rêves, dont celui d’un
monde meilleur, quand nous sommes, nous, adultes, la plupart du temps endormis
dans notre petite sécurité et pétrifiés dans notre petite quête personnelle de
bonheur ?
Je comprends que l’on puisse être en désaccord avec le
mouvement étudiant, avec ses demandes, ses actions. Je conçois que des gens
critiquent ce qu’ils jugent être des comportements inadéquats, des
affrontements contre l’autorité. Je suis un inconditionnel de la liberté d’expression
et je crois qu’une société se construit en écoutant l’opinion de tous ceux qui
la forment.
Mais je ne comprendrai jamais qu’on puisse ovationner un
policier qui tire directement au visage d’une citoyenne sans arme ? Comment en
arrive-t-on à applaudir quand des jeunes qui descendent dans la rue pour
dénoncer l’injustice de ce monde se font battre à coups de matraque ? J’entends
dans ces commentaires haineux, dans ces vomissements enragés, dans ces propos
fielleux beaucoup de malheur dans sa propre existence, de désespoir dans son
acharnement à réussir, de solitude dans son épuisement de vivre.
On dit souvent qu’un bon gouvernement devrait gouverner en
bon père de famille, c’est un argument qu’on utilise entre autres pour dire que
l’État doit intervenir pour poser des limites aux jeunes quand ils manifestent.
Eh bien ! Quel père digne de ce nom approuverait qu’on gifle son enfant pour le
faire rentrer dans le rang quand celui-ci s’oppose ouvertement à l’autorité ?
Quelle mère méritant ce titre dirait à sa fille, le visage tuméfié par un tir
policier à bout portant : « Tu ne mérites rien que ça ! Tu n’avais
qu’à rester chez toi ».
D’ailleurs, quel humain digne de ce nom applaudit quand il
voit un autre être humain se faire tirer dans le visage…
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