samedi 28 mars 2015

Des propos inquiétants

Dans les derniers jours, j’ai vu un Québec qui m’accable, lu un peu partout des commentaires qui me glacent le sang, entendu ça et là des propos qui me laissent pantois. De grâce, respirons un peu, le feu n’est pas pris au parlement.

Qu’est-ce que les forces de l’ordre doivent combattre en réalité ? Une révolution sanglante ? Une tentative de génocide ? Un attentat contre le premier ministre ? Non, des jeunes qui veulent un monde meilleur. Oui, ils sont souvent malhabiles dans leur façon de dire, ils sont frondeurs et défient parfois les policiers d’un peu trop près, ils sont quelquefois utopistes et naïfs. Mais n’est-ce pas justement ce qui fait la beauté de la jeunesse, elle qui n’est pas encore accaparée par tout ce qui fait de nous des adultes si rationnels et logiques ? Peut-on lui reprocher d’avoir encore des rêves, dont celui d’un monde meilleur, quand nous sommes, nous, adultes, la plupart du temps endormis dans notre petite sécurité et pétrifiés dans notre petite quête personnelle de bonheur ?

Je comprends que l’on puisse être en désaccord avec le mouvement étudiant, avec ses demandes, ses actions. Je conçois que des gens critiquent ce qu’ils jugent être des comportements inadéquats, des affrontements contre l’autorité. Je suis un inconditionnel de la liberté d’expression et je crois qu’une société se construit en écoutant l’opinion de tous ceux qui la forment.

Mais je ne comprendrai jamais qu’on puisse ovationner un policier qui tire directement au visage d’une citoyenne sans arme ? Comment en arrive-t-on à applaudir quand des jeunes qui descendent dans la rue pour dénoncer l’injustice de ce monde se font battre à coups de matraque ? J’entends dans ces commentaires haineux, dans ces vomissements enragés, dans ces propos fielleux beaucoup de malheur dans sa propre existence, de désespoir dans son acharnement à réussir, de solitude dans son épuisement de vivre.

On dit souvent qu’un bon gouvernement devrait gouverner en bon père de famille, c’est un argument qu’on utilise entre autres pour dire que l’État doit intervenir pour poser des limites aux jeunes quand ils manifestent. Eh bien ! Quel père digne de ce nom approuverait qu’on gifle son enfant pour le faire rentrer dans le rang quand celui-ci s’oppose ouvertement à l’autorité ? Quelle mère méritant ce titre dirait à sa fille, le visage tuméfié par un tir policier à bout portant : « Tu ne mérites rien que ça ! Tu n’avais qu’à rester chez toi ».

D’ailleurs, quel humain digne de ce nom applaudit quand il voit un autre être humain se faire tirer dans le visage…



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