lundi 30 janvier 2006

Sancta Simplicitas !

Nous vivons dans un monde simplifié ; un univers en poudre dans lequel peu de gens ressentent la moindre envie d’ajouter de l’eau juste pour voir ; nous habitons un Cosmos naïvement schématisé pour faire croire à un entendement de l’angoissante incompréhensibilité et faire accepter un intolérable et subtil endoctrinement en faveur d’une forme de pensée conditionnée. « O sancta simplicitas ! Quel monde étrangement simplifié et falsifié que celui où vit l’humanité ! », s’écrie Nietzsche avec raison. De ce qui se déroule autour de nous, nous ne voyons qu’une fine membrane que nous transfigurons continuellement sans le savoir en y subjectivant nos couleurs, nos textures, nos structures. Ce que la plupart appellent la réalité — ou plutôt n’appellent jamais faute d’être apte à présumer l’existence d’autre chose que ce qui s’offre spontanément à leurs yeux ou leur esprit — n’est qu’un reflet d’images confuses expédiées pêle-mêle en eux et sans leur consentement, que Merleau-Ponty nomme poétiquement « la texture imaginaire du réel ».

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