jeudi 30 mars 2006

La paie (x) du parent

« Cessez de culpabiliser les parents ! », entend-on partout depuis que le livre du Docteur Chicoine est paru dans une certaine controverse. Selon ce que j’ai compris, le Docteur y affirme qu’un enfant devrait pouvoir rester avec ses parents jusqu’à 24 mois. Que ne pas lui offrir cette base comporte un risque pour son équilibre futur. Pauvre Docteur ! Ne sait-il pas qu’il est des propos que l’on ne peut pas tenir dans notre bonne société ? Il eut mieux fait de dénoncer les méfaits du tabac ! Car, on le sait trop bien, on n’a pas le droit de dire que mettre un enfant au monde n’est pas un droit mais un privilège qui vient avec des obligations. Surtout si ces obligations entrent en conflit avec la sacro-sainte réussite sociale, avec l’immaculé carriérisme que tout citoyen moderne est en droit d’attendre. Qui est-il pour clamer les mains en l’air qu’un nouveau-né a besoin de la présence de sa mère dans les 12 premiers mois et d’une personne significative (lire son père) dans les 12 mois qui suivent, quand il y a temps de papiers à trier, de téléphones à faire, de dossiers urgents à classer, de postes à convoiter, d’acquis à conserver et, enfin, d’argent à faire ou à espérer ? Pour qui se prend-il en demandant à des mères et des pères de se comporter comme des mères et des pères, quand ils n’ont pas le choix, les pauvres, de réussir leur carrière ? Car il s’agit bien de cela, ou du moins c’est ce que je retiens du discours de tous ceux qui dénoncent le livre maudit. « Pauvres nous, les parents, débordés par les obligations parentales qui alourdissent encore plus nos journées déjà bien lourdes. » Mais ne le savaient-ils pas avant, les « pauvres », qu’être parent allait transformer leur vie centrée sur leur nombril en une expérience où l’altruisme allait être le fondement, où il faudrait sacrifier certains acquis de leur vie de célibataires pour accomplir le miracle d’éduquer un enfant, au sens étymologique du terme ? Ce serait drôle, comme disait l’autre, qu’il y ait un jour, triste retour d’un balancier à la mode, des foyers pour personnes âgées à 5 $ par jour. Il y aura certes encore d'importantes carrières à mener, en ce temps où les parents d'aujourd'hui seront devenus gris, tremblants et bavants. P.S. Je me souviens, quand j'étais petit, du bonheur diffus mais profond qui naissait en moi quand je revenais de l’école et que, ouvrant la porte de la maison, j’apercevais ma mère qui s’affairait dans la cuisine. Sécurité infantile qui me plonge encore aujourd’hui dans un grand calme.

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