samedi 18 mars 2006

Paroles de Zigma

Il ne sentait plus que le vide, le sombre néant de l’obscurité du cœur. Tombant à genoux, il se mit à pleurer. Alors Zigma dit : « Qu’en est-il du temps où tu passais des heures à observer les fourmis dans leur travail, quand tu t’assoyais au bord du feu pour parler avec tes amis toute la nuit, quand tu lisais un livre en entier, jusqu’à ce que l’aube te rappelle à toi-même et que tu ouvrais les yeux sur le monde le cœur léger et rempli de paix ? N’es-tu pas le même qu’en ce temps ? Quel moloch s’est mis à te dévorer de l’intérieur pour qu’il n’y ait ainsi plus de place pour la lumière de la vie en toi ? Ne reste-t-il que du sel dans ta mer ? Combien de temps te faut-il encore pour voir les couleurs du monde comme lorsque tu es sorti du ventre de ta mère ou lorsque tu cligneras des yeux pour la dernière fois ? Tu as bu jusqu’à la lie la boisson de la tristesse que t’ont servie ceux qui sont déjà morts. Relève-toi ! Tes jambes sont-elles incapables de te porter ? Tes mains ne parviennent-elles plus à caresser ceux que tu aimes ? Tes yeux sont-ils devenus aveugles au soleil couchant, au sourire d’un enfant, à la neige qui tombe ? Tes oreilles sont-elles bouchées au point de ne plus entendre la rivière qui coule, le vent dans les feuilles, le tonnerre qui saisit ? Non. Fais-moi confiance, homme, lève-toi, et je te montrerai cette vie qui fut tienne avant que l’on ne t’assassine. » L’homme fit un effort pour se lever, mais il retomba à genoux. Alors Zigma le souleva, le prit sur son dos et se remit à marcher.

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