lundi 20 mars 2006

Sur l'école

« [...] le diplôme revêt d’abord une valeur marchande : la scolarisation est “une chose produite par le système scolaire et pouvant s’exprimer en chiffre…”. Ces chiffres donnent, sur le marché, le nombre des années d’études et la quantité de réponses correctes à un examen. Le diplôme qui consacre ce chiffre fait que cette “chose” a une valeur sur le marché. En ce sens, donc, le diplôme n’est pas une preuve d’une compétence fondée sur l’acquisition de certaines connaissances ou sur une technique particulière, mais le passeport permettant de pénétrer dans un certain rôle social. “L’école, écrit à ce sujet Illitch, confond l’apprentissage de connaissances et l’apprentissage d’un rôle social”. » [...] « Essentiellement, le diplômé est celui qui détient la fortune donc le pouvoir. Car en vérité, les études n’ont pas pour but celui de “s’instruire à loisir ou avoir le droit d’enseigner aux autres”, mais bien celui d’être “jugé capable de gagner de l’argent et de détenir une partie du pouvoir”. » [...] « Au plan économique, l’école est une entreprise capitaliste qui emploie des travailleurs à en former d’autres, d’une part, et, par ailleurs, l’entreprise qui forme le consommateur en créant les besoins et les valeurs institutionnalisées. L’école s’intègre dans le système économique dans la mesure où elle assure la consommation des produits par la création des besoins. » [...] « L’école est la grande religion de notre époque : elle en possède les contenus, les mystères et les rites. Elle a ses prêtres et ses cérémonies de toutes sortes. Le mécréant, le païen d’hier est devenu l’analphabète d’aujourd’hui. “L’école est devenu la religion universelle du prolétariat moderne, une religion qui fait de vaines promesses de salut aux pauvres de l’ère technologique. L’État a adopté cette religion et a fait entrer tous les citoyens dans un système scolaire hiérarchisé, chaque étape débouchant sur un diplôme, par une démarche qui n’est pas sans rappeler les rituels d’initiation et les promotions sacerdotales d’autrefois”. Hubert Hannoun, Ivan Illitch ou l’école sans société.

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