vendredi 12 mai 2006

La divine intolérance

Il semble bien que notre société ait décidé d’écouter et d’obéir pour de bon aux dieux de tous et chacun. Quand ce n’est pas le kirpan sikh ou le hijâb musulman qu’il faut adopter sans compromis, ce sont les rites propres à chaque religion qu’il faut voir à encadrer et soutenir dans nos institutions… J’ai toujours prôné la tolérance et ma haine du racisme sera à jamais viscérale, mais il me semble que notre société, en voulant satisfaire tout le monde, est en train de faire exactement l’inverse. En se faisant tolérant jusqu’à contredire les préceptes qui l’ont fait tel qu’il est, notre plusse beau pays du monde finira par s’étouffer dans son ouverture d’esprit à deux sous. Comment se fait-il que nous travaillons depuis des années pour sortir la religion de nos ancêtres des écoles — et Dieu soit loué nous y sommes parvenus — et que nous acceptions en même temps qu’il y entre plus ou moins subtilement les dogmes, pratiques et autres caprices divins des autres religions ? Pas besoin d’un doctorat en théologie pour savoir que les extravagances dogmatiques sont, comme dirait l’autre, aussi nombreuses que les étoiles dans le firmament. De la morve au sang, en passant par les innombrables costumes, théories, dogmes et rituels, à peu près tout ce qui existe en ce monde a été consacré officiellement à un siècle ou l’autre par la multitude de dieux-petit-d qui se sont succédé dans le panthéon de nos trop fragiles consciences. Du coup, les mandements célestes imposés aux humbles créatures que nous sommes n’ont cessé de s’accumuler et s’agglutiner afin de s’assurer de nous libérer de notre liberté et d'arbitrer notre libre-arbitre. Tout ça parce que notre ancêtre homo sapiens sapiens s’est rendu compte qu’il allait crever quoi qu'il fasse et que de surcroit il ne savait pas pourquoi il était ici bas. Sachant cela, il importe que, tout en favorisant le respect des valeurs religieuses individuelles pratiquées de façon personnelle, nous ne laissions pas des ordonnances divines quelles qu’elles soient réorganiser en tout ou en partie notre société qui, parce que justement libre de toutes ces contraintes rituelles institutionnalisées, attire en ses frontières tout ce beau monde qui vient y trouver la paix, le respect et la sécurité qui font tant défaut dans la leur.

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