jeudi 13 juillet 2006

Management artistique

« Le rapport humoristique, présenté ci-dessous, d’un putatif conseiller en gestion s’intéressant à la “production” d’une représentation de l’Inachevée de Schubert est représentatif des errements et absurdités qu’on attribue volontiers au gestionnaire quand il se mêle d’art : 1. L’orchestre compte quatre hautboïstes. Ceux-ci n’ont rien à faire pendant de longs moments. Leur nombre pourrait être réduit et leur travail mieux réparti tout au long du concert. 2. Les douze violonistes jouent à l’unisson : un cas de prolifération de postes superflue. Leur nombre doit être réduit considérablement. Si l’on désire obtenir un volume sonore d’une certaine ampleur, on peut y parvenir au moyen d’amplificateurs électroniques. 3. La production de demi-tons — un raffinement superflu — exige trop de temps. Il serait souhaitable de les supprimer en relevant toutes les notes. On pourrait recourir aux services de débutants et dépendre beaucoup moins de spécialistes hautement qualifiés. 4. Nombre de passages sont répétés trop souvent. Il est superflu, par exemple, que les instruments à vent reprennent une mélodie déjà jouée par les violons. Après l’élimination de tous les passages inutiles, il serait parfaitement possible d’exécuter le concert en vingt minutes au lieu des deux heures nécessaires actuellement. Si l'auteur, Schubert, avait travaillé de façon plus rationnelle, il serait certainement parvenu à achever sa symphonie. » François Dupin, L’Orchestre nu.

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