lundi 14 novembre 2005

Tout le monde en parle

Il faut écouter Tout le monde en parle au moins une fois dans sa vie — c’est parfois le plus que l’on peut supporter — pour voir ce qu’on veut dire quand on parle de « La Sainte Clique de Montréal ». Entre un boniment humide de Guy A. Lepage et un sourire entendu du Fou du roi, les membres de cette très noble congrégation de liche-moi-le-mien-je-te-licherai-le-tien se succèdent tour à tour derrière la caméra filtrée de l’émission dans une ronde évidente de renvois d’ascenseur. Il faut avoir vu notre RBO défroqué parler de Mitsou avec une voix mielleuse en attendant de se faire caresser les seins ou Dany Le Fou Turcotte baver sans aucune gêne et faire des blagues de touche-moi-le-moine à deux sous devant notre poudré aspirant Premier Ministre pour se faire une idée de l’embargo contre la critique franche des personnalités publiques qui règne à l'autre bout de la vingt quand on a obtenu l'accréditation officielle de la coterie montréalaise. En contrepartie, il faut voir les coups de dents implacables que cette meute enragée distribue à quiconque ne possède pas ses gallons, quand ce n’est pas la victime qui est de toute évidence invitée spécialement pour servir de cible à ces gardes-chiourme de la pensée unique ni de gauche ni de droite, sans danger, sans saveur et surtout sans risque. Quand on a ceux qui donnent des contrats de son côté, mieux vaut fermer sa gueule, arrêter de chercher la vérité et faire dans le pseudodébat, art vulgaire que nos deux humoristes et leurs acolytes du moment possèdent parfaitement. Il fallait voir la vive Nathalie Petrowski combattre de front cette petite armée de bien-pensants qui pensent tous la même chose. Mais n’est pas Petrowski qui le veut. Aussi l’arène télévisuelle a quelquefois donné lieu à de véritables carnages à tous contre un : quand on a invité le cabochon à Raël pour se faire dévorer tout cru, il aurait dû se douter que la petite conscience à deux sous de ces gens encore tout imbibés de l’odeur du christianisme pourrissant ne lui donnerait l’occasion de parler que pour l’insulter sans comprendre, et même l’intimider physiquement. Quand le petit frisé qui se prétend psychiatre, quand tout le monde sait qu’il n’est qu’un pathétique clown qui a passé sa vie à faire son dernier tour de piste, s’est pointé devant nos deux intellectuels de l’heure escortés fièrement par Mitsou, cette journaliste sur le point de recevoir le Nobel, et Dan Bigras, qui du haut de ses six pieds et cinq pouces semblait se contenir en tremblant pour ne pas attaquer le nain surdiplômé, il aurait dû se douter qu’il allait passer un mauvais quart d’heure et que tout le monde allait finir par en parler. Et je ne parle pas du triste sire qui est venu tenter de parler de Father for Justice avec autant d’arguments qu’un Jean Charest, ni de Gilles Proulx qui est allé se faire mettre à genoux les larmes aux yeux pour des propos débiles qu’il avait déjà ravalés plusieurs fois de travers. On ne se pointe pas devant des rats affamés d’auditoire et leurs compères en quête perpétuelle de publicité avec sur la conscience une faute jugée impardonnable par la Clique. Mais ce qui compte, n’est-ce pas, c’est qu’entre la lichette utilitariste et l’assaut sectaire tout le monde en parle et que les cotes d’écoute parlent à leur tour.

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