lundi 4 février 2008

Vaccins tabous

C'était la "lettre de la semaine" dans Le Soleil de dimanche 3 février 2008. Une citoyenne de Cap-Rouge, Hélène Lord, critiquait poliment la décision de Kathleen Cadoret-Auger de ne pas faire vacciner ses enfants (Le Soleil, 27 janvier). Poliment et malhabilement, dois-je ajouter. Ses arguments, un à un, faisaient autant de bruit que des pétards mouillés. Je ne les énumérerai pas ici, ce serait aussi fastidieux que lorsque je les lisais. L'argument central de son organisation critique était qu'un citoyen qui ne fait pas vacciner ses enfants fait courir un risque à ceux qui les font vacciner. "C'est le meilleur des mondes, écrit-elle, parce qu'ils bénéficient d'une protection, sans toutefois assumer ni risque ni effet secondaire associés aux vaccins". Il y aurait donc des dangers résultant des vaccins, Madame Lord ? Tentant l'approche pop-philosophique, elle mentionne que "des risques, toutes les sphères de notre vie en comportent... ce qui ne veut pas dire qu'il faut arrêter de vivre pour ça.". Ô, que Nietzsche me vienne en aide ...! Je conclue qu'il faut donc se faire vacciner pour éviter des risques de maladies en prenant d'autres risques. C'est du marché boursier inversé... Mais l'apogée de cet amalgame d'idées reçues, de lectures éditoriales de magazines et de presse convergente atteint son paroxysme contradictoire en conclusion : "J'espère que l'attitude de Mme Cadoret-Auger et de ses proches ne se répandra pas trop car ils ne seront pas les seuls à en payer le prix si certaines maladies comme la polio ou la rubéole refaisaient surface." L'intrépide Madame Lord est, à l'instar de plusieurs contemporains, toute mélangée dans ses "dossiers". D'abord, ne pas faire vacciner ses enfants n'est pas une "attitude" mais un choix (avec lequel on peut être d'accord ou non il va sans dire). Il nous en reste peu, mais il n'est pas encore obligatoire de subir des interventions médicales sans consentement. Ensuite, si Madame Lord assume les risques associés à la vaccination de masse, c'est qu'elle doit bien faire confiance aux effets protecteurs de ces vaccins, non ? Pourquoi, en ce cas, craindre une maladie pour laquelle ses enfants auraient été vaccinés ? L'auteure, tristement, ajoute une note : "J'ai un enfant autiste et j'ai beaucoup lu sur le sujet. je suis convaincue à 100% que les vaccinations qu'il a reçues en bas âge ne sont pas en cause. Si cela avait été prouvé, vous pouvez être sûrs qu'à l'heure qu'il est nous serions au courant et de nouveaux vaccins seraient élaborés. Qui accepterait de courir un tel risque ?" J'admire la confiance de Madame dans le système médical. Mais Madame aurait dû mieux lire et un peu plus. Ici une fois encore, la question Cui Bono ? est de mise. Une poursuite majeure a débuté aux États-Unis en juin 2007. Les parents de 5000 enfants atteints d'autisme soutiennent que leurs enfants ont développé l'autisme après avoir été vaccinés. Dans un article paru sur cette poursuite, on lit ceci : "La question est controversée dans le milieu scientifique, des résultats de recherche étant contradictoires. Un pédiatre à la retraite, le docteur Edward Yazbak, est au nombre des chercheurs américains qui se posent des questions. Par exemple, sur le nombre très élevé de cas d'autisme chez les enfants d'immigrants à Montréal. Serait-ce parce qu'on les a revaccinés à leur arrivée au Canada? Le docteur David Ayoub, de l'Illinois, publiera bientôt une étude internationale qui établit un lien de causalité entre le mercure et l'autisme. Certains tenants de la théorie vaccins-autisme parmi la communauté scientifique croient que la peur de détériorer les programmes de santé publique ont amené des scientifiques et le gouvernement à cacher le problème. Plusieurs familles croient que le Centre de contrôle et de prévention des maladies aurait organisé un vaste "coverup"." Non ? L'industrie pharmaceutique ne jouerait pas franc jeu pour se remplir les poches !?! C'est impossible ! Cui Bono ? Je ne sais si ce procès est terminé, mais aux dernières nouvelles, de récentes études montreraient qu'il n'y a pas de lien entre vaccination et autisme... Tant mieux. Mais il suffit d'aller voir sur un site sérieux tel que Vaccine Website pour prendre toute la mesure de l'intensité du débat qui a toujours lieu entre les professionnels de la santé au sujet de la vaccination.

3 commentaires:

  1. Il est amusant de constater que «Annonce Google» fait la promotion d'un vaccin contre la fièvre jaune juste à côté de ton texte...

    RépondreEffacer
  2. Ha ! Ha ! Ha ! Elle est bien bonne ! "Ils sont partout !!!"

    Cela me fait penser que personne n'a jamais cliqué et que personne ne cliquera jamais sur ce lien bidon... C'est le temps de l'enlever !

    Merci.

    RépondreEffacer
  3. J’ai envoyé mon opinion au Carrefour des lecteurs du journal Le Soleil, non pas pour lancer un débat sur la vaccination de masse, mais plutôt en réaction à l’article concernant Mme Cadoret-Auger. J’ai pu sembler « malhabile » et rendre la lecture « fastidieuse », mais Le Soleil nous demande de nous en tenir à environ 200 mots… ce qui n’est pas beaucoup lorsqu’il s’agit d’un sujet controversé. Même si j’ai réussi à en mettre presque le double, j’ai dû réduire mon texte le plus possible. En passant, votre réplique en compte plus de 700… vous voyez donc qu’il n’est pas facile de donner notre point de vue de façon succincte.
    Votre blogue me donne cependant l’occasion de clarifier certains de mes propos et répondre à vos interrogations du mieux que je peux.
    1) Vous utilisez le terme « dangers » mais je préfère dire que oui, la vaccination comporte des « risques ». En fait, je ne connais aucune procédure médicale qui n’en ait pas… et vous? Vous n’avez donc pas tort de dire qu’il « faut prendre des risques pour éviter des risques de maladies ». Cependant, je considère que les premiers sont beaucoup moindres que les seconds. De plus, n’étant pas en contact avec certaines maladies que la vaccination de masse a écartées, ceux qui ne se font pas vacciner bénéficient effectivement d’une protection indirecte qui leur est conférée par tous les autres vaccinés autour d’eux qui, eux, ont assumé ce risque.
    2) Il va sans dire que je ne crains pas les maladies contre lesquelles moi ou mes enfants sont déjà vaccinés. Lorsque je dis que les non-vaccinés nous font courir certains risques, il s’agit évidemment de ceux qui voyagent sans se faire vacciner au préalable et qui nous ramènent des maladies contractées à l’étranger contre lesquelles la plupart de nous ne sommes pas vaccinés ici (p. ex. typhoïde, hépatites, la fièvre jaune etc.).
    3) Vous dites que ma conclusion est contradictoire (?) mais lorsque je parle de polio et de rubéole, c’est malheureusement en connaissance de cause. Une de mes sœurs a contracté la polio durant sa jeunesse et en a gardé des séquelles physiques permanentes. Une de mes cousines (qui a aujourd’hui plus de 40 ans) est née aveugle et lourdement handicapée parce que ma tante a contracté la rubéole durant sa grossesse. Demandez-leur si elles auraient préféré être vaccinées. Une fois malades, ces personnes sont-elles les seules à en payer le prix? Je ne crois pas. Sans compter tous les frais médicaux défrayés par les individus ou le système, ces maladies ont un impact énorme sur la vie de ceux qui en sont affligées, de même que leur famille. Comment pourrait-il en être autrement?
    4) En ce qui a trait à l’autisme, je crois que nous n’avons pas les mêmes sources d’informations. Étant donné que vous aviez dit que j’étais « mélangée dans mes dossiers », je suis allée voir le site « sérieux » suggéré sur votre blogue : Vaccine Website. Je regrette de vous décevoir mais j’ai trouvé que cela ressemblait beaucoup plus à de la propagande qu’à de l’information puisqu’il n’est question que du danger des vaccinations (donc histoires d’horreur à répétition), le tout enjolivé de caricatures à main levée… bref, aucune impartialité ni rigueur scientifique. De mon côté, je vous suggère d’aller voir le site CAIRN (CAN-A-GEN), réseau canadien de recherche sur l’autisme, de même que le site sur le projet du génome de l’autisme (Autism genome project). Ce dernier a débuté en 2004 et les conclusions finales nous seront données en 2010. Plus de 120 experts de 19 pays différents étudient les profils génétiques de plus de 1200 familles comportant un ou plusieurs autistes. Jusqu’ici les résultats préliminaires semblent converger vers une même conclusion, c.-à-d. que les causes de l’autisme seraient génétiques et on espère être en mesure de cibler les chromosomes responsables de façon à pouvoir peut-être intervenir un jour. Je vois très mal comment quelqu’un pourrait réfuter les résultats d’une recherche de telle envergure.
    5) Vous mentionnez aussi qu’on retrouve un grand nombre d’autistes chez les enfants d’immigrants, et que ce serait peut-être relié au fait qu’ils aient été revaccinés à leur arrivée au Canada. Il ne faut jurer de rien mais à mon avis, il s’agit plutôt du fait que dans plusieurs ethnies les mariages sont organisés et souvent consanguins. L’addition de gènes récessifs multiplie les chances de transmettre une maladie…
    6) En dernier lieu, de penser que le Centre de contrôle et de prévention des maladies aurait organisé un « vaste cover-up » avec les industries pharmaceutiques me laisse sceptique. Comme je ne fais pas partie de ceux qui croient que les Américains n’ont jamais marché sur la lune ou qui ne croient pas qu’un avion s’est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre 2001 (deux autres supposés cover-up), je ne donne que peu de poids à cet argument…

    En fait, j’aurais presque aimé vous donner raison. J’entrevois certains avantages non négligeables s’il était prouvé que les vaccins pouvaient causer l’autisme. Aucune crainte de léguer cette maladie aux générations futures. Aucune culpabilité puisque ce n’est pas nous qui l’avons transmis à notre enfant. Possibilité d’intenter une poursuite dont les revenus pourraient peut-être assurer l’avenir de notre enfant autiste… mais comme mon mari et moi avons déjà travaillé très fort pour faire notre deuil, nous préférons concentrer notre temps et énergie sur des actions qui pourraient concrètement améliorer le sort de notre fils.


    Signé : Vesta L’Intrépide

    RépondreEffacer