mercredi 5 mars 2008

Le tableau noir de Richard Martineau

Ce matin, en naviguant sur Internet, je tombe par hasard sur un texte de Richard Martineau à propos de la naïveté de ses lecteurs qui lui écrivent chaque semaine pour lui faire part de leurs « niaiseries ». Du haut de sa tribune (qu’il a de plus en plus haute et de moins en moins libre, il va sans dire), l’ancien « franc-tireur » dénonce la crédulité puérile de ces commentaires reçus et en donne quelques exemples relatifs à 911 : « aucun Juif ne travaillait ce jour-là car ils avaient tous été prévenus par le Mossad, aucun avion de passager n’a percuté le Pentagone, des experts en démolition avaient placé des charges explosives dans les tours, etc. ». Pourquoi précisément ces exemples-là et rien sur le fait qu'un exercice militaire envoyant à peu près tous les avions de l'armée sur la côte ouest était précisément tenu le 11 septembre ou rien non plus sur les très nombreux témoins qui étaient là et qui n'arrivent pas à faire le lien entre la théorie officielle et ce qu'ils ont vécu ? Démagogie, flagornerie, vieille technique discursive qui a fait ses preuves, mais pas toujours dans la vérité. Richard Martineau explique ensuite la division entre le Vrai et le Faux, incriminant Internet, défendant, visage caché, les journaux. Avec sa rhétorique douteuse habituelle, il mélange, pour être certains que tout le monde tombe de son avis, des phénomènes pop commerciaux (Le Code Da Vinci, Le Secret, les régimes amaigrissants, etc.) avec des interrogations légitimes que tout citoyen est non seulement en droit de soulever, mais a pour devoir de le faire. Malheureusement, contrairement à ce qu’il croit, tout le monde n’est pas dupe, et son style de magazine ne fait pas long feu devant l’esprit le moindrement capable de faire des liens entre les affirmations légères qui le caractérisent.
Mais pour Richard Martineau, les poissons sont ceux qui ne croient pas comme lui. Les autres, ceux qui pensent ce qu'il pense lui, sont bien informés. Dites-moi, Monsieur Martineau, quelles sont vos sources où l'on doit s'abreuver pour avoir la vie éternelle ? Le plus drôle, c’est que Richard Martineau parle de Thierry Meyssan, auteur français qui remet en question le fait qu’un avion s’est écrasé sur le Pentagone, comme s’il s’agissait d’une nouvelle de dernière minute. De grâce, que quelqu’un s’empresse de lui dire que, depuis Meyssan, des tonnes d’autres questions extrêmement pertinentes ont été formulées au sujet des Vérités de Martineau qu’on ne peut remettre en doute sans être taxé de poissons ou de gourdes. Mais ce ne sera sans doute pas très utile, car pour lui, le monde n’est ni noir, ni blanc, mais gris, son gris à lui. Et c’est quoi son gris ? C’est celui de la bonne guerre en Afghanistan et en Irak, de Ben Laden responsable de tout, du scepticisme à sens unique, de l’argumentation redondante, de la simplicité involontaire, du clin d’œil facile, de la phrase-punch sans adversaire et, surtout, des salves bravement lancées de forteresse. En terminant, je me demande parfois si Richard Martineau le fait exprès ou s’il est vraiment ignorant ? À chaque fois que je lis un de ses textes, je ne peux m’empêcher de me dire qu’en refusant systématiquement de remettre en question ses bonnes vieilles croyances rassurantes (celles qui reviennent inlassablement dans ses chroniques depuis des années), il démontre peut-être que c’est lui plus que quiconque qui a besoin de croire en ce qu’il croit pour trouver un sens. Quant à moi, le laissant à son gris à lui, je continuerai de lire, de m’informer, de questionner et de prendre la plume contre les petits maîtres qui ne cessent d’écrire leur Moi sur le tableau noir de leur Peur.

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