mardi 8 novembre 2011

En vrac

   L’idée d’abandonner un texte sur un banc de parc m’a toujours plu. Ne pas se retourner, ne pas attendre que quelqu’un le prenne, laisser le hasard et le vent décider. S'en aller avec l’espoir d’un lecteur inattendu, étonné, fasciné même. S’imaginer celui-ci sortant un crayon de sa poche et ajoutant des mots, des commentaires ou quelques vers de son cru. J’apprends ce matin que je ne suis pas le seul à avoir ce genre de fantasme. Trois jeunes femmes de Québec lancent un projet en ce sens : Libérez les livres! Le concept est simple, laisser des livres sur des bancs d’autobus, sur des tables de café, sur un banc au musée. Il paraît que l’idée est devenue une habitude dans certaines villes européennes : Londres, Paris, Lyon… Le but : « Faire perdre au livre sa valeur matérielle pour qu’il retrouve sa valeur intellectuelle ». Noble. De petites nouvelles comme celle-là me font plaisir en ces temps d’occupation double.


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   Propagande progarderie ce matin dans le journal : « Les enfants qui ne fréquentent pas du tout la garderie avant l’entrée à l’école ont souvent des retards en matière de stimulation lorsqu’ils entrent à l’école. » Des retards en matière de stimulation du système immunitaire, certes, quand on sait (tout parent le sait trop bien) que l’entrée en garderie donne en prime un abonnement au CLSC et aux antibiotiques. Évidemment, ce n’est pas ce que cette phrase veut dire. Elle sous-entend plutôt que l’enfant qui ne va pas à la garderie est une sorte de retardé qui aura du pain sur la planche pour rattraper l’évolution extraordinaire du petit Jérôme-Alexandre qui a sa place quotidienne aux Jardins de Pierrot depuis l’âge de quatre mois. C'est qu'il est évolué ce petit! Et sa mère d’ajouter fièrement qu’à dix-huit mois, il trouvait les fins de semaine longues, car il s’ennuyait de ses amis de la garderie... Conclusion : placez vos enfants en garderie le plus jeune possible, ils vous le rendront bien. Aussi, ne sortez pas les vieux de leur foyer de retraite : ils s’ennuieraient de leurs vieux amis.

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   Les chiffres officiels sont sortis hier du Bureau du recensement : il y avait 49,1 millions de pauvres aux États-Unis en 2010. C’est 16 % de la population états-unienne et près d'une fois et demie la population canadienne en entier. Tout de même étrange que cette nouvelle ne fasse pas plus de vagues. Encore plus étrange que cette économie soit admirée par tant de minuscules Québécois qui se voient, sous des cieux où plane le grand aigle, en Forrest Gump.

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   Question à poser à tout défenseur des interventions militaires canadiennes en pays étrangers, théoriciens de l'interventionnisme et militaristes de salon confondus : « Y enverrais-tu ton fils ? »

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