Ça ne va pas bien. C'est vrai, je vous le dis. Je l'ai réalisé quand j'ai lu que Richard Martineau citait Platon.
Richard Martineau a-t-il lu
Platon? Bien sûr que non. Il transcrit sur son blogue ce qu'un lecteur lui a envoyé. Il ne dit même pas d'où est tirée cette citation. Son lecteur
aurait pu l'inventer que Richard s'en moque éperdument, pourvu que cela serve
sa petite argumentation de journaldequébéciens.
Si Richard lisait de la
philosophie, il saurait que ce passage est tiré de La République, Livre VIII, 562b-563e. Il saurait aussi que le « bashing »
des vieux sur la jeunesse est plus ancien encore que Platon. On a trouvé ce
genre de propos sur une tablette babylonienne plus vieille que les écrits de
Platon. Si Richard avait lu Platon et qu'il connaissait un peu le Livre VIII
d'où est tiré le passage qui l’excite tant, il saurait qu'on peut également y
lire ceci, qu'il n'aurait pas osé citer :
« […] quand un pauvre maigre et
brûlé de soleil se trouve posté dans la mêlée à côté d'un riche nourri à
l'ombre et surchargé de graisse, et le voit tout essoufflé et embarrassé, ne
crois-tu pas qu'il se dit à lui-même que ces gens-là ne doivent leurs richesses
qu'à la lâcheté des pauvres? Et quand ceux-ci se rencontrent entre eux, ne se
disent-ils pas les uns aux autres : "Ces hommes sont à notre merci, car ils ne sont bons à
rien". »
556d-556e
« De tels hommes seront
avides de richesses, comme les citoyens des États oligarchiques; ils adoreront
farouchement, dans l'ombre, l'or et l'argent, car ils auront des magasins et
des trésors particuliers, où ils tiendront leurs richesses cachées, et aussi
des habitations entourées de murs, véritables nids privés, dans lesquelles ils
dépenseront largement pour des femmes et pour qui bon leur semblera. »
548-548b
« En général les jeunes gens
copient leurs aînés et luttent avec eux en paroles et en actions. » 562e
Notre Richard du vrai monde, s’il
lisait dis-je, saurait aussi que dans ce Livre VIII, Platon, s’il défend joyeusement l’autorité
des vieux sur les jeunes, dénonce de manière aussi éloquente la nouvelle
liberté des esclaves et des affranchis, signe, selon lui, de la décadence...
La morale de cette histoire,
Monsieur Martineau ne l’aura pas compris, c’est que l'on ne devrait pas jouer avec des
armes qui dépassent nos capacités : citer ce qu’on ne connaît pas et que l’on
n’a pas lu, revient à lancer une goupille et garder la grenade. Au début, on se ridiculise. À la fin, ça devient dangereux.
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