mercredi 16 mai 2012

Ils l'ont l'affaire les Amaricains


Un des arguments les plus souvent répétés par les défenseurs de la hausse des droits de scolarité au Québec est la comparaison avec le modèle américain, où les droits sont beaucoup plus élevés qu'ici. « Regarde aux États-Unis », disent-ils l'admiration dans la voix. Eh bien, suivons leur conseil et regardons :

La prémisse de cette comparaison est qu'il en coûte, selon ces comptables en herbe, 50000 $ par année pour étudier aux États-Unis. C'est un nombre qui est entré dans l'usage et qui fait son effet quand il est avancé dans le débat des frais scolaires québécois. Or, il est non seulement exagéré, mais complètement faux. En réalité, « le prix moyen d’inscription pour l’année universitaire en programme « undergraduate » (cycle de 4 ans) était de US$ 6 585 pour les institutions publiques et US$ 25 143 pour les institutions privées »[1].

Par ailleurs, il faudrait dire aux tenants de cette comparaison que la dette étudiante aux États-Unis, loin d'être un exemple à suivre, est, contrairement à ce qu'ils croient, un problème sérieux que beaucoup d'observateurs comparent à une bombe à retardement. Tenez-vous bien : l’endettement étudiant chez nos voisins du sud a récemment dépassé les mille milliards de dollars[2] ou, si vous préférez, un million de millions de dollars ! Le problème est si sérieux, que l’ « on commence à parler d’une bulle comparable à celle des subprimes, ces prêts hypothécaires à risque, dont l’éclatement avait plongé les États-Unis et le monde dans une grave récession en 2008 »[3].

Fait étonnant, il n’y a pas de crise étudiante aux États-Unis. Mais on commence à voir naître ça et là des regroupements étudiants qui demandent au gouvernement d’agir. Un site web, occupystudentdebtcampaign.org, a lancé une campagne de désobéissance financière pour les étudiants endettés qui consiste à cesser de payer sa dette étudiante dès que leur nombre aura atteint le million. Un autre site, qui réclame l’annulation d’une partie de la dette étudiante, a recueilli 722 000 signatures à ce jour[4].

Cui Bono ? Il n’est pas difficile de trouver à qui profite cette situation alarmante. Ce sont les mêmes qu’ici, les riches, principalement les grandes banques qui détiennent la majeure partie de ces créances…

Il faudra bien un jour que ces abus cessent. D’autres par le passé ont fini par s’écoeurer de l’injustice, avec les terribles résultats qu’on connaît :

« Mandataire du peuple, depuis peu vous promettez de faire cesser les calamités du peuple ; mais qu'avez-vous fait pour cela ? Avez-vous prononcé une peine contre les accapareurs et les monopoleurs ? Non. Eh bien, nous vous déclarons que vous n'avez pas tout fait. Vous habitez la Montagne, resterez-vous immobiles sur le sommet de ce rocher immortel ? Il ne faut pas craindre d'encourir la haine des riches, c'est-à-dire des méchants ; il faut tout sacrifier au bonheur du peuple. »

Pétition des sans-culottes portée à la Convention, 25 juin 1793


Faudra-t-il se rendre là pour un peu plus de justice sociale ?

Aucun commentaire:

Publier un commentaire