lundi 21 mai 2012

Quand on se compare...

La loi spéciale serait, selon certains journalistes qu'on connaît, moins "pire" que d'autres lois du genre ailleurs dans le monde. En outre, le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a comparé ces dispositions à d'autres existant en France, en Suisse et aux États-Unis.


Étrangement, quand il fallait comparer les droits de scolarité avec d'autres pays, on excluait systématiquement ceux où les droits sont plus bas ou carrément gratuits.






Reprenons donc leurs arguments : les lois sont différentes parce que le contexte social, politique et économique est différent. Les manifestations qui se déroulent à Montréal et ailleurs au Québec, malgré des écarts violents et perturbateurs, n'ont absolument rien à voir avec les émeutes incontrôlables qu'on a vues en Angleterre ou en France.


Par ailleurs, il serait bon que monsieur Dutil et les journalistes qui sont à la solde de son gouvernement comparent les 36 articles de la loi 78 au lieu de comparer uniquement les articles 16-17. Par exemple, je choisis l'article 29, qui fait peur :

«Quiconque, par un acte ou une omission, aide ou, par un encouragement, un conseil, un consentement, une autorisation ou un ordre, amène une autre personne à commettre une infraction visée par la présente loi commet lui-même cette infraction et est passible de l’amende prévue […]»

Je crois que n'importe quel juriste HONNÊTE, INTELLIGENT et LIBRE (donc pas à la solde d'intérêts politiques ou financiers) sera d'avis que cet article est le plus dangereux de la loi 78 parce qu'il cible directement la liberté d'expression... Est-ce que ce billet lui-même que je rédige pourrait, en certaines circonstances et selon cet article 29, être considéré comme contrevenant à cette loi ?

Enfin, quand on sait que de nombreux avocats, professeurs et constitutionnalistes ont offert leur aide pour participer à la contestation de la loi 78 devant les tribunaux, qu'un groupe d'historiens réputés décrivent cette loi comme «Une loi scélérate et une infamie», «une agression» rarement vue dans l’histoire du Québec, que le Barreau du Québec lui-même critique sévèrement la loi 78, tout citoyen honnête est en droit de se demander s'il n'y a pas là un dérapage autocratique qui n'annonce rien de bien.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire