Quand je regarde ces jeunes descendre dans la rue et
s'unir pour un même combat, je ressens un mélange de fierté et de tristesse.
Fierté, car en ces temps difficiles, devant la quasi-unanimité
mercantile, faisant fi des accusations d'individualisme et d'enfants-rois, ces
jeunes citoyens — un
terme qu'on oublie d'employer pour parler d'eux —
se lèvent devant les maîtres qui, n'ayant pas l'habitude de traiter avec des
gens qui ne sont pas à genoux, paniquent et enragent. Et je ris de voir ces
abonnés de la soumission les dents serrées, les mains agrippées sur ces
richesses qui sont les nôtres.
Tristesse, parce que parmi ces visages courageux et
idéalistes se trouvent dissimulées, sans qu'elles ne le sachent elles-mêmes,
des futures victimes du Syndrôme Martineau. Il m'attriste de savoir que
quelques-uns de ces êtres engagés et assoiffés de justice sociale se
retrouveront un jour, quand leurs portemonnaies se rempliront et que leur promotion
sera liée à leur opinion, du côté de ceux qui les méprisent aujourd'hui.
J'aimerais tant les armer contre l'incurable
embourgeoisement, les prémunir contre un système bien huilé qui finira par les
graisser jusqu’à la totale abdication. Mais il faudrait pour cela que leurs
futures chaînes ne soient pas déjà disposées dans leur âme. Et malheureusement,
le Syndrôme Martineau germe déjà dans le cœur de ceux qui en seront atteints.
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