J'ai parfois l'air de ne rien faire, mais il y a dans ma tête environ trente onglets ouverts simultanément.
PROPOS IMPORTUNS
Nous rions, mais jamais en même temps que vous. - Guy Debord
jeudi 9 février 2017
lundi 30 janvier 2017
Trois amalgames suite à la tuerie à Québec
Le terme « amalgame » est devenu un cliché, si
bien que l’utiliser ajoute au galvaudage du commun. Mais fort est de constater
en ce lendemain sombre que trop de gens manquent de recul et de bien d’autres
choses pour l’éviter. Voici les cocktails lancés un peu partout que je dénonce
pour la paix et le bon sens :
« La charte québécoise
est en partie responsable de cette tuerie. »
Il faudra m’expliquer comment une charte pour la laïcité de
l’État, c’est-à-dire pour que la religion et l’état soient étanchent l’un
envers l’autre, pourrait de quelque façon que ce soit encourager le meurtre d’innocents.
On peut très bien souhaiter que l’État extirpe tout le religieux de son système
sans pour autant vouloir du mal à qui que ce soit. La charte, à ce que je
sache, n’a jamais parlé de contrôler ce que les Québécois font chez eux, dans
la rue ou dans leur lieu de culte. La charte n'était pas violente et ne prônait la violence d'aucune manière.
« Les animateurs des
radios de Québec et certains commentateurs médiatiques ont du sang sur les
mains. »
Trouver un coupable est facile. On pointe du doigt et on
guillotine. Il est plus difficile de réfléchir d’un point de vue global et de
chercher des solutions au basculement d’un monde. Personnellement, je méprise ces radios d'opinion et les commentateurs-agitateurs, mais dire que Duhaime, Martineau ou
tout autre animateur intempestif doivent porter une part du blâme pour cette
tuerie est aussi ridicule que de prétendre que le loup est entré dans la
bergerie parce que la clôture n’était pas fraîchement peinturée. C’est une
simplification naïve qui prend l’effet pour la cause. Un enragé ne tue pas de sang-froid
parce qu’un inconscient ne mesure pas la portée de ses propos. Qu’il y ait des
racistes que certains propos confortent dans leur répugnante conception, on ne
peut le nier, mais cela n’en fait pas des meurtriers pour autant.
« Les Québécois, et
particulièrement ceux de Québec, doivent dénoncer cet attentat pour se soustraire
à toute affiliation, comme on demande souvent aux musulmans de le faire quand
survient un attentat islamiste. »
Personnellement, je n’ai jamais attendu qu’un musulman
dénonce un attentat islamiste pour se « laver de tout soupçon ». Devant
l’horreur, j’attends plutôt que tout le monde soit dégoûté par un acte
dégoûtant. Mais je peux comprendre que si des gens commettent l’horreur au nom
de quelque chose qui m’est cher, j’ai envie de crier que ce qui m’est cher n’a
rien à voir avec le geste commis. Si j’étais musulman, je serais en colère lors
d’un attentat islamiste, comme beaucoup d’anglophones l’ont été quand Henry
Bain a crié « les Anglais se réveillent » après avoir déchaîné sa démente
barbarie. Ainsi, si un Québécois usait de violence sur quiconque en criant « Vive
le Québec libre ! », je me dissocierais aussitôt de ce nationalisme brutal
et nauséabond, contraire à tout ce qui m’est cher. Mais ici, l’odieux n’a pas
été commis au nom d’une idée ou d’une religion à laquelle j’adhère. Comme à peu
près tous les gens de Québec, je n’ai absolument rien à voir avec cette
violence et je la dénonce de tout mon cœur, mais je ne sens pas le besoin de me
soustraire à quoi que ce soit, car le seul lien que j’ai avec ce meurtrier, c’est
d’être québécois, comme ceux qui ont été lâchement assassinés ou blessés.
vendredi 2 décembre 2016
Courses de rats
Le problème avec les courses de rats c'est que même si on gagne, on reste un rat...
— Lily Tomlin
mercredi 9 novembre 2016
L'unanimité de ceux qui savent
Au lendemain des élections états-uniennes, je lis les commentaires un peu partout et l’unanimité que j’y trouve est éloquente.
Ce serait de gros idiots qui auraient élu le candidat républicain. Des folles finies et des rednecks armés jusqu’aux dents. Des pas éduqués sans dents. Des habitants ignares du fin fond des rangs. Bref, la lie de la société américaine…
Les autres ont voté du bon bord. Les beaux. Les grands. Les citadins propres. Bref, ceux qui savent.
Ce mépris craché un peu partout, et plus particulièrement par une certaine élite intellectuelle, artistique ou économique qui souvent ignore faire partie de l’élite, ne va pas améliorer le fossé de plus en plus profond qui se creuse aux États-Unis (et partout dans le monde…). C’est peut-être ce mépris même qui explique en partie le résultat de cette élection.
Il y a un moment où on ne peut plus rester sur ses positions. Un instant crucial où il faut voir les signes, écouter les cris, entendre les hurlements de rage et s’élever très haut pour avoir une vue d’ensemble qui permettra peut-être de sentir la douleur de ceux qui ont l’écume à la bouche. Essayer de comprendre, quoi. Juste essayer, pour une fois, au lieu de se braquer et de dire que l’autre, celui qui ne pense pas comme nous, est con, laid et a tout faux.
Une chose est sûre, on ne va rien résoudre avec plus de mépris et de condescendance. Au contraire.
mercredi 28 septembre 2016
samedi 15 août 2015
Ennemis bon marché
Ridicule des ennemis de Nietzsche, qui le connaissent que par quelques bribes perdues dans le spectacle perpétuel.
vendredi 14 août 2015
Livre mort
Même en y mettant toute ma volonté, je n'arrive pas à comprendre que certaines personnes considèrent véridique ce qui est écrit dans la Bible.
lundi 1 juin 2015
"Plus tard, je serai associé chez Walmart !"
Les
démunis sont les nouveaux esclaves de notre temps. Cette main-d’œuvre bon
marché est prisonnière de sa condition, comme l’était le fils d’esclave sur sa
plantation de tabac en Virginie vers 1850. Plus de 150 ans plus tard,
l’esclavage forcé a été remplacé par une autre forme d’exploitation. On ne
choisit pas, il me semble, de devenir caissier chez Walmart ou secrétaire chez
Gino-Auto. C’est l’adversité qui conduit là, la pauvreté, la grosse misère,
comme on disait jadis. Essayez. Demandez à mille enfants de sept ou huit ans ce
qu’ils veulent faire plus tard. Entre policier, médecin, enseignant et
coiffeuse, vous aurez zéro caissier chez Walmart et zéro secrétaire chez
Gino-Auto. C’est la suite des choses qui fera de ces enfants ce qu’ils ne
veulent pas être, ce que personne, en fait, ne veut être.
vendredi 3 avril 2015
samedi 28 mars 2015
Des propos inquiétants
Dans les derniers jours, j’ai vu
un Québec qui m’accable, lu un peu partout des commentaires qui me glacent le
sang, entendu ça et là des propos qui me laissent pantois. De grâce, respirons
un peu, le feu n’est pas pris au parlement.
Qu’est-ce que les forces de l’ordre doivent combattre en
réalité ? Une révolution sanglante ? Une tentative de génocide ? Un attentat contre
le premier ministre ? Non, des jeunes qui veulent un monde meilleur. Oui, ils
sont souvent malhabiles dans leur façon de dire, ils sont frondeurs et défient
parfois les policiers d’un peu trop près, ils sont quelquefois utopistes et naïfs.
Mais n’est-ce pas justement ce qui fait la beauté de la jeunesse, elle qui n’est
pas encore accaparée par tout ce qui fait de nous des adultes si rationnels et
logiques ? Peut-on lui reprocher d’avoir encore des rêves, dont celui d’un
monde meilleur, quand nous sommes, nous, adultes, la plupart du temps endormis
dans notre petite sécurité et pétrifiés dans notre petite quête personnelle de
bonheur ?
Je comprends que l’on puisse être en désaccord avec le
mouvement étudiant, avec ses demandes, ses actions. Je conçois que des gens
critiquent ce qu’ils jugent être des comportements inadéquats, des
affrontements contre l’autorité. Je suis un inconditionnel de la liberté d’expression
et je crois qu’une société se construit en écoutant l’opinion de tous ceux qui
la forment.
Mais je ne comprendrai jamais qu’on puisse ovationner un
policier qui tire directement au visage d’une citoyenne sans arme ? Comment en
arrive-t-on à applaudir quand des jeunes qui descendent dans la rue pour
dénoncer l’injustice de ce monde se font battre à coups de matraque ? J’entends
dans ces commentaires haineux, dans ces vomissements enragés, dans ces propos
fielleux beaucoup de malheur dans sa propre existence, de désespoir dans son
acharnement à réussir, de solitude dans son épuisement de vivre.
On dit souvent qu’un bon gouvernement devrait gouverner en
bon père de famille, c’est un argument qu’on utilise entre autres pour dire que
l’État doit intervenir pour poser des limites aux jeunes quand ils manifestent.
Eh bien ! Quel père digne de ce nom approuverait qu’on gifle son enfant pour le
faire rentrer dans le rang quand celui-ci s’oppose ouvertement à l’autorité ?
Quelle mère méritant ce titre dirait à sa fille, le visage tuméfié par un tir
policier à bout portant : « Tu ne mérites rien que ça ! Tu n’avais
qu’à rester chez toi ».
D’ailleurs, quel humain digne de ce nom applaudit quand il
voit un autre être humain se faire tirer dans le visage…
mercredi 7 janvier 2015
Ennemis
J'ai versé une larme en entendant l'ancien directeur de Charlie Hebdo parler de l'attentat.
Au delà de la religion, de la politique, des allégeances et des croyances, ces enragés, ces assassins, ces meurtriers sont des ennemis de la liberté sous toutes ses formes : parole, croyance, presse...
Il ne faut surtout pas se taire, surtout pas faire attention à ce qu'on dit d'eux. Des brutes lâches qui prennent des armes pour faire valoir leur point de vue ne méritent aucun respect.
Mais il faut tout de même se questionner, comme société d'abord, puis comme individu, sur ce qui peut rendre des hommes suffisamment enragés et assez aveuglés pour assassiner des gens qui font des dessins qui ne leur plaisent pas.
lundi 24 novembre 2014
Salaire
Un jour, on regardera l'écart démesuré qui existe aujourd'hui entre les salaires de la même façon qu'on considère l'esclavage de jadis : innacceptable.
mardi 18 novembre 2014
Libraire de surface
Moi : je cherche un titre de la collection Quarto, chez Gallimard...
Libraire : la collection quoi ?
Moi : Quarto.
Libraire : (se dirigeant d'un pas leste vers son ordinateur) QuaTRo, d'accord.
Moi : (timidement) heu, c'est QuaRTo, pas QuaTRo.
Libraire : oui, oui, QuaTRo. C'est quoi le titre ?
Moi : les oeuvres complètes de Marguerite Duras.
Libraire : de qui ?
Moi : (traumatisé) heu... Marguerite Duras...
Libraire : d, u, r, a, s ?
Moi : (terrorisé) oui...
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